PIECES  DE  THEATRE  POUR  ENFANTS.

 
 

LA FÉE DU BONHEUR


Féerie enfantine, en trois actes
par Jean-Claude Bal


     Convient pour toute fête enfantine et particulièrement pour la Fête des Mères.
 

PERSONNAGES :

LILO, petit garçon, de dix à douze ou quatorze ans,
LÉLIE, sœur du précédent, un peu plus jeune que lui,
LA FÉE
LES PETITS LUTINS :
RAYON-DU-JOUR,
CHALEUR-DU-FOYER,
SOURIRE-DES-FLEURS,
GOUTTELETTE-QUI-BRILLE,
REFRAIN-DES-OISEAUX,
CHARME-DES-NUITS,
CHANT-DU-RÉVEIL, REPOS-DU-SOIR, VENT-DE-LA-COURSE,
BAUME-DES-CHAGRINS, GRELOTS-DU-RIRE, etc...

     La scène, qui reste sans changement durant les trois actes, représente l'intérieur d'une assez pauvre cabane de bûcheron. Petite porte. Petites fenêtres, qui sont fermées. Murs nus. Meubles rares et grossiers : une table, deux chaises, ainsi que deux petits lits d'enfants, dans le fond. Une cheminée. Un vieux buffet, si possible.
     Lilo et Lélie portent tous les deux des habits très modestes et rapiécés, mais propres. La fée a sa baguette à la main et, sur le front, une couronne de fleurs, avec une étoile ; elle est revêtue du costume traditionnel des fées. Les lutins, aussi nombreux qu'on le désire, sont habillés d'une façon gracieuse et pittoresque, en rapport, autant que possible, avec le nom qu'ils portent ; leur taille est, dans l'ensemble, un peu plus faible que celle de Lilo et de Lélie.
     Au lever du rideau, Lélie est assise sur une chaise et semble plongée dans un rêve. Lilo furette dans un coin.
 

ACTE I

SCÈNE PREMIÈRE

LÉLIE, LILO.


LÉLIE, se tournant vers Lilo. - Dis donc, Lilo ?

LILO. - Eh bien, Lélie ?

LÉLIE . - Tu ne trouves pas que c'est un peu triste, chez nous ?

LILO. - Triste ? non. Pourquoi ?

LÉLIE. - Parce qu'une cabane de bûcherons, comme la nôtre, c'est toujours triste, bien sûr. Ça ne peut pas être autrement.

LILO. - Nos parents sont bûcherons dans la forêt, c'est vrai. Nous habitons une cabane de bûcherons, c'est vrai.. Mais, triste... Tu veux que ce soit triste, notre cabane ?


LÉLIE, avec un petit mouvement d'impatience. - Je ne veux pas. Ce que je voudrais, c‘est qu'elle soit gaie, au contraire. Gaie et jolie...

LILO. - Ah ! Et qu'est-ce qu'il te faudrait, à toi, pour qu'elle soit gaie et jolie ?

LÉLIE. - Tu sais bien, Lilo. On dit qu'il y a des enfants qui habitent dans de jolies maisons, avec de belles et grandes fenêtres qui ont des rideaux, de belles tables avec une nappe, de jolies chaises, et beaucoup d'images sur les murs... Des images en couleurs...

LILO. - Des images en couleurs, oui... C'est ça qui fait plaisir à voir ! Ces enfants-là, ils sont heureux... Tu vois bien, Lélie, il y a des enfants qui sont heureux et qui ont beaucoup de jolies choses.

LÉLIE. - Bien sûr. C'est ce que je te disais. Leurs parents leur donnent tout ce qu'ils veulent. Ils ont de beaux jouets. Ils ont de beaux habits qui leur vont bien : des robes qui sont mignonnes, de jolis petits souliers fins...

LILO, enchaînant. - Des pantalons qui n'ont pas de trous et qui ont des poches. Mes pantalons, à moi, ils ont des trous, mais ils n'ont point de poches. C'est assez gênant !


LÉLIE. - Nous n'avons aux pieds que de gros sabots de bois…

LILO - C'est vrai, Lélie... Mais, là, il y a un avantage : quand nos sabots nous gênent, on peut les enlever. Ça, c'est bien commode.

LÉLIE, mi-plaisante, mi-sérieuse. - Oui… Tandis que, si on avait de beaux souliers fins, on n'aurait plus jamais le plaisir de marcher pieds nus. Ça, c'est un inconvénient...

LILO. - Tu es fâchée, Lélie, parce qu'il y a des enfants qui sont heureux, et qui ont tout ce qu'ils désirent ? Ils doivent cela à leur papa et à leur maman qui sont riches.

LÉLIE. - Oh ! non, Lilo, je ne suis pas fâchée. C'est tant mieux pour eux. Mais ça fait quand même drôle, quand on y pense...

LILO. - Moi, au bout du compte, j'en suis bien aise. Des enfants qui ont tout ce qu'ils peuvent désirer, ça existe. Ça prouve que nous aussi, on pourrait être des enfants comme ceux-là.

LÉLIE. - Certainement. Si notre papa et notre maman étaient riches, on pourrait avoir une belle maison, de beaux habits...

LILO. - De beaux jouets. Des chevaux de bois, avec une crinière...

LÉLIE. - Des poupées, avec des yeux qui s'ouvrent et qui se ferment, et avec des cheveux en soie…


LILO. - On pourrait de temps en temps se régaler avec des gâteaux à la crème. Beaucoup de gâteaux à la crème. Et qui fondent dans la bouche. Ehm !...
(Il se lèche les lèvres et fait claquer sa langue).


LÉLIE, même jeu. - Oui ! Oui !... Ehm...

LILO, sautant de joie. - Des gros sucres d'orge, longs comme ça. (Il montre son avant-bras jusqu'au coude) …et qui durent longtemps à sucer. Hi ! Hi ! Hi !... (Il rit).

LÉLIE. - Tu ris comme si tu les avais pour de vrai. Hi ! Hi ! Hi !.. (Elle rit à son tour).

LILO. - Eh ! tu ris bien aussi...De cette façon, tu sais, c'est comme si on les avait.


LÉLIE. - Ma foi, oui, c'est presque pareil... Bien que d'y penser, on est content.

LILO, avec conviction. - On est content pour les autres. Puisqu'il y a des enfants qui eut tout ce qu'ils veulent, tout va bien. On peut être heureux et contents, nous aussi, comme si on était à leur place.

LÉLIE, avec une dernière réticence dans la voix. - Oui, comme si on était à leur place...

LILO. - Comme si c'était nous. On est content rien que d'y penser, comme lorsqu'on est dans un rêve, en dormant.

LÉLIE, avec conviction, à son tour. - Oui, dans un rêve. Dans un joli rêve... C'est si joli, des fois, quand on rêve... Tiens, on va s'amuser, nous deux, à rêver qu'on a des parents qui sont riches. Hein ?… Tu veux ?...

LILO. - On peut toujours essayer...
     (Ils s'étendent tous les deux sur une chaise et ils font semblant de dormir et de rêver).


SCÈNE II

LES MÊMES, LA FÉE


     (La fée entre doucement, enveloppée de sa robe magnifque, sa couronne de fleurs sur la tête et sa baguette à la main. Quelques instants de silence).

LÉLIE, en ouvrant les yeux, à Lilo. - Oh ! qu'est-ce que c'est, Lilo ?


LILO, en tournant les yeux vers la fée. - Oh ! Oh ! Lélie... Qu'est-ce que c'est ? Qui donc vient nous voir, ici ?... Oh ! qu'elle est belle !...

LÉLIE, debout, en se serrant contre Lilo, également debout. - Oh ! oui, qu'elle, est belle !... Mais, j'ai peur.

LILO. - N'aie pas peur, Lélie. Puisqu'elle est si belle, elle n'est sûrement pas méchante.

LA FÉE, en s'approchant de Lilo et de Lélie. - Bonjour, mes petits amis ! C'est moi. Je suis la fée qui veille sur vous. Vous m'avez, appelée ? Vous désiriez me voir ? Vous n'avez pas peur ?

LILO, à la fée. - On voulait faire un joli rêve. Je ne sais pas si on vous a appelée... mais on est tout de même bien content de vous voir.

LÉLIE. - On n'a plus peur. Lilo dit que vous n'êtes pas méchante. Et ce doit être vrai.

LA FÉE, en souriant. - Lilo a raison. Non, je ne suis pas méchante. Oh ! pas méchante du tout. Au contraire, j'aime beaucoup les enfants comme vous. Je fais tout ce qu'ils désirent.

LILO, à peine étonné. - Ah !


LÉLIE, même jeu. - Ah !

LA FÉE, toujours souriante. - Vous désirez quelque chose ?

LILO. - Nous, désirer quelque chose ? Non, je ne crois pas... On ne sait pas...

LA FÉE. - Une belle maison, avec des rideaux aux fenêtres ?... Une robe qui soit bien mignonne ?… Une culotte qui ait des poches... et qui n'ait point de trous ?...

LÉLIE, avec un certain air de surprise et presque de reproche. - Ah ! vous nous avez donc écoutés ?


LA FÉE, continuant. - Une jolie poupée, avec des yeux qui se ferment et qui s'ouvrent, et avec des cheveux en soie ?… Un gros cheval de bois, avec une crinière ?…

LILO et LÉLIE, se consultant du regard, sans rien répondre. - ...

LA FÉE, continuant. - Des gâteaux à la crème... Beaucoup de gâteaux à la crème... Des sucres d'orge, longs comme ça (elle montre son avant-bras) et qui durent longtemps à sucer... Des images en couleurs...

LÉLIE. - Oh ! Madame la fée... On parlait comme ça, pour parler... pour dire quelque chose... Mais, c'est fini. Depuis que vous êtes là, on ne désire plus rien.

LILO. - Depuis qu'on vous voit, cela suffit. On ne veut plus rien d'autre.

LÉLIE. - Vous êtes si belle et si gentille, Madame la fée, que c'est fini. On n'a plus de pensée pour autre chose.


LA FÉE, en les embrassant. - Ça, au moins, ça fait plaisir. Vous ne voulez plus rien d'autre ?

LÉLIE. - Non. On ne veut plus que vous garder avec nous, aussi longtemps qu'il vous plaira.


LILO. - Et que vous ne partiez jamais d'ici, Madame la fée... Dites, vous ne nous quitterez jamais ?

LA FÉE. - Ah ! ne jamais partir, ne jamais vous quitter... je voudrais bien, moi aussi. Mais cela m'est diffcile à promettre. Car j'ai beaucoup d'occupations, de tous les côtés. Je suis obligée d'aller, de venir...

LÉLIE, avec tendresse, en se serrant tout contre la fée. - Oh ! c'est que nous vous aimons si bien, Madame la fée !

LILO, même jeu. - Oh ! oui, Lélie a raison. Nous vous aimons, Madame la fée ! Nous ne voulons plus vous laisser partir. Restez, restez avec nous, toujours... toujours...


LA FÉE, sur un ton très affectueux. - Toujours... toujours... Je voudrais bien. Mais, je vous le dis : j'ai beaucoup d'occupations. Je ne peux jamais trop m'attarder, voyez-vous. C'est une chose sur laquelle il ne m'est pas possible de vous satisfaire. Seulement, si vous voulez bien, je vais appeler auprès de vous mes petits valets, pour vous tenir compagnie, pendant mon absence. Mes valets, ce
sont tout autant de jolis petits lutins, tout prêts à devenir vos amis.

LILO et LÉLIE, se consultant du regard, sans répondre. - …


LA FÉE. - Ils sont très gentils, mes petits lutins, et tout à fait complaisants, vous verrez. Et très amusants aussi, par-dessus le marché. Ils se plairont beaucoup avec vous. Et vous aussi, vous vous plairez beaucoup avec eux. Ils ne sont pas loin. Venez, nous allons les chercher...

     (La fée prend Lélie et Lilo par la main, et ils sortent. La scène reste vide quelques instants, sans que le rideau tombe).

 

FIN DU PREMIER ACTE
 

ACTE II

SCÈNE PREMIÈRE

LIL0, LÉLIE, LES LUTINS ,


     Les lutins avec Lilo et Lélie, exécutent une entrée très animée, en se tenant tous par la main ; ils chantent et déroulent leur ronde, sur l'air de : Dansons la capucine.
 




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