PIECES DE THEATRE POUR ENFANTS.
FIN DU DEUXIÈME ACTE
ACTE III
SCÈNE PREMIÈRE
LA FÉE, seule.
(La fée rentre d’un pas léger, en portant, à la main, un petit paquet qu'elle dépose sur la table ou sur une chaise).
LA FÉE. - Les voilà tous partis Mais, pas pour longtemps. Nous allons vite en profiter. Il s’agit de préparer une bonne surprise à Lilo et à Lélie, pour, le moment où ils reviendront. Ne perdons pas un instant et arrangeons ici, pour eux, le plus délicieux petit nid qui se puisse imaginer ! À l’ouvrage donc !... (Elle de défait son paquet et en retire de belles nappes et de beaux napperons qu’elle dépose sur la table, sur le buffet, sur les chaises). Ah ! Voilà qui va bien ! Nous avons beaucoup de joie à donner à ces deux enfants.. Et maintenant, de la lumière. Il n’ y a nulle part autant de joie que dans la lumière, et, par bonheur, elle appartient à tout le monde, aux pauvres autant qu’ aux riches. (Elle appelle). Rayon-du-Jour !...
SCÈNE II
LA FÉE, puis, successivement, RAYON-DU-JOUR,
SOURIRE-DES-FLEURS, CHALEUR-DU-FOYER, REFRAIN-DES-OISEAUX,
CHARME-DES-NUITS.
RAYON-DU-JOUR, en entrant. - Me voici !
LA FÉE, à Rayon-du-Jour, en lui montrant les fenêtres fermées. - Rayon-du-Jour, ouvrez donc ces fenêtres !… Ouvrez ! toutes grandes !…
RAYON-DU-JOUR, en ouvrant toutes grandes les fenêtres, de sorte que la lumière pénètre à flots sur la scène. - Voilà, Madame la fée. Il fera clair, ici !
(Rayon-du-Jour sort. Il est remplacé par sourire-des-Fleurs, qui se présente, les bras chargés de fleurs).
LA FÉE, à Sourire-des-Fleurs. - Ah ! c ’est toi, Sourire-des-Fleurs. Des fleurs, tu nous en apportes toute une moisson ! Et, en effet, pour embellir un nid, il faut des fleurs, beaucoup de fleurs. (Elle prend les fleurs et les dispose de divers côtés). Là... là... et encore là… et encore là… Comme c'est joli ! Et quel parfum !... (Sourire-des-Fleurs se retire. Il est remplacé par Chaleur-du-Foyer qui tient à la main un tout petit fagot de bois, lié d’un ruban). Que nous apportes-tu, Chaleur-du-Foyer ?
CHALEUR-DU-FOYER, en offrant son fagot. - Moi, j’apporte au nid la bonne et douce chaleur dont il a besoin par dessus toutes choses. Je le protège et le réchauffe avec un soin à rendre jaloux le soleil lui-même.
LA FÉE, en prenant le petit fagot qu'elle dépose dans la cheminée. - Du feu !... de la chaleur !... Quel trésor ! Quelle richesse !...
(Chaleur-du-Foyer disparaît et il est remplacé par Gouttelette-qui-Brille, dont les bras sont remplis de dessins et de tableaux, dans leurs cadres).
GOUTTELETTE-QUI-BRILLE. - Moi, Gouttelette-qui-Brille, je ne peux pas, ici, faire jaillir une source, ni faire courir les ruisseaux, ni faire pousser les arbres. Mais j’apporte, de la libre campagne, tous ces jolis dessins, frais comme le cristal des eaux.
LA FÉE, en lui prenant des mains les tableaux, qu'elle suspend aux murs. - Donnez, donnez !... Ils vont trouver leur place... Et ils feront très bien ici.
GOUTTELETTE-QUI-BRILLE, en se reculant pour mieux voir. - Oui, ils font très bien, et me voilà fort content…
(Gouttelette-qui-Brille s'en va, et c'est Refrain-des-Oiseaux qui entre en sautant, en sifflant ou en fredonnant un air).
LA FÉE. - Refrain-des-Oiseaux !... Toujours aussi gai, Refrain-des-Oiseaux ?
REFRAIN-DES-OISEAUX. - Oui, toujours. Il faut bien que je fasse honneur à mon nom ! Les oiseaux, cependant, je ne peux pas les obliger à entrer ici. Il se croiraient prisonniers et, comme moi, ils préfèrent le libre espace à la cage. Mais ils m’ont accompagné jusqu’à la porte et ils sont tous là-dehors... Des oiseaux ! Des essaims complets d’oiseaux ! Tout autour de la maison ! (Montrant la fenêtre) Les voyez-vous ? Les entendez-vous ? Ils se rassemblent ici de tous les points de l’horizon. (On entend des chants d'oiseaux). Quels joyeux ramages ! Et ces reflets de leurs ailes qui passent, comme des éclairs !
LA FÉE, regardant par la fenêtre. - Oh ! oui, c’est un délice !... Comment ne pas être heureux au milieu de ce petit peuple, qui est toujours si heureux !
(Refrain-des-oiseaux sort. Il est remplacé par Rayon-du-Jour).
SCÈNE II
TOUS LES ACTEURS
(Tous les petits lutins, avec Lélie et Lilo au milieu d'eux, entrent en dansant et en chantant, comme à la fin de l'Acte II).
Gais lutins, petits oiseaux,
Échappés de vos berceaux,
Écoutez la ritournelle...
Etc…
(Au bout de deux ou trois couplets, le chant s’arrête ainsi que la danse. Les petits lutins se rangent, avec la fée, sur le pourtour de la Scène, et Lélie et Lilo, restés seuls au milieu, promènent leurs regards tout autour d’eux).
SCÈNE III
LES MÊMES
LÉLIE, émerveillée en découvrant les changements qui se sont produits dans l’habitation. - Oh ! Lilo : regarde comme c’est beau, à présent, chez nous ! Des fleurs... Que de fleurs !... Si jolies et qui sentent si bon !…
LILO, même jeu. - C’est vrai, Lélie... Et ces dessins sur les murs ? Tu as vu ?… C’est ça qui fait plaisir à regarder...
LÉLIE. - Et tous ces oiseaux qui chantent, là-dehors. Tu les entends ?
LILO, qui s’est mis à feuilleter les livres. - Et ces livres... Oh ! des livres d’histoires… Des quantités de belles histoires... Oh !...
LÉLIE, s’approchant. - Et avec des images, encore !... (Se tournant vers les petits lits). Et ça, sur nos lits... (Elle avance la main vers les voiles qui recouvrent les lits). Oh ! comme c’est fin ! comme c’est léger !
LILO, regardant à son tour. - Tu vois... Ça, c’est pour mieux dormir.
LÉLIE. - Mais est-ce qu’on osera dormir, seulement ? On voudra rester toujours éveillé, pour voir toujours toutes ces belles choses. Oh ! comme on sera bien, Lilo !… Hi ! Hi ! Hi !... (Elle rit, tout en battant des mains).
LILO. - Oui, on sera bien, Lélie !... Bien, comme les enfants qui sont riches, comme si papa et maman étaient riches... Hi ! Hi ! Hi !... (Il rit en battant des mains, comme Lélie).
LÉLIE. - Oui, Lilo, comme si papa et maman étaient riches, très, riches... Quel bonheur !
LILO. - Quel bonheur !… Embrassons-nous...
(Ils s’embrassent).
LA FÉE, s’approchant, souriante, avec un petit panier au bras, et l'ouvrant sous les yeux des enfants. - Vous êtes contents ? Tout à fait contents, cette fois ?... Il manque encore quelque chose, cependant. Mais je vous l’apporte, dans mon panier. (À Lélie, en lui présentant une jolie petite robe qu’elle retire du panier). Une robe qui est mignonne : c’est pour toi, Lélie...
LÉLIE, avec admiration. - Oh ! Madame la fée !...
LA FÉE, à Lilo, en lui présentant un joli petit pantalon. - Un pantalon, tout neuf, et qui a des poches. Deux poches, et grandes. C’est pour toi, Lilo.
LILO, même jeu que Lélie. - Oh ! Madame la fée…
LA FÉE, après que les vêtements ont été déposés sur une chaise. - Il reste encore quelque chose au fond du panier. Ce ne sont pas des gâteaux à la crème. Mais c’est du pain. Du bon pain. Le voici. (Elle retire du panier un assez gros pain rond et le pose sur la table).
LILO, avec satisfaction, après avoir examiné le pain. - Du bon pain, c’est bien aussi bon que des gâteaux, même des gâteaux à la crème...
LÉLIE. - Oui. Et on peut en manger aussi longtemps qu’on a faim. Jamais ça ne nous fait mal au ventre.
LILO, à la fée, en se blottissant contre elle. - Oh ! que tu es bonne, Madame la fée.
LÉLIE, même jeu. - Que tu es bonne et gentille, Madame la fée, et comme nous t’aimons bien, tous les deux !
LILO, subitement interdit et étonné, en regardant la fée avec une extrême attention. - Mais...
LÉLIE, même jeu. - Mais...
LA FÉE, avec un sourire. - Eh bien ? Qu’ avez-vous donc à tant me regarder, à présent ?
LILO. - Mais, tu ressembles...
LA FÉE. - Je ressemble... à qui donc ?
LILO. - Tu ressembles à notre maman...
LÉLIE, avec chaleur. - Oui, oui, tu ressembles à notre maman ! Tu as des yeux comme elle...
LILO, même jeu. - Tu as un sourire comme elle...
LÉLIE. - Une voix comme la sienne...
LA FÉE. - C'est vrai. Je ressemble à votre maman. Je suis pour vous la meilleure des fées, la fée du bonheur. C'est moi qui possède tous les secrets de vous rendre heureux. Cent secrets, mille secrets pour vous rendre heureux… Mes secrets, vous les connaissez à présent et (montrant les lutins) tous ces petits lutins qui sont mes serviteurs, se sont chargés avec moi de vous les apprendre. Vous avez retenu leur nom ?
LÉLIE. - Oui, nous avons retenu leur nom... Et toi, comment tu t'appelles, toi ?
LA FÉE. - Moi, je m'appelle la Tendresse Maternelle.
LÉLIE. - Ah ! la Tendresse Maternelle...
LILO, avec lenteur et en appuyant sur les mots, surtout dans les deux premières phrases. - La Tendresse Maternelle... Tu t'appelles la Tendresse Maternelle... Et tous ces petits lutins, ils sont à toi et tu les mets à notre service ? Ils t'apportent pour nous toutes les plus belles choses du monde. Ainsi, tu es riche ; tu es très riche... (Il montre, d'un geste circulaire, tout ce qui est sur la scène). Tout ce que nous voyons ici, tout cela est à toi… à toi... et à nous…
LA FÉE. - Oui, tout ce que j'ai est à vous. Et je suis très riche. Très, très riche, comme vous voyez. Puisque je suis la Tendresse Maternelle !… Mes richesses, pour vous, sont (avec lenteur, en détachant légèrement les syllabes) in-cal-cu-la-bles, i-né-pui-sa-bles...
(Elle se penche vers Lélie et Lilo, pour les embrasser).
TOUS LES LUTINS, en sautant de joie et battant des mains. - Bravo ! Bravo !...