PIECES  DE  THEATRE  POUR  ENFANTS.

 
 
PÂQUERETTE. - Ah ! mon Dieu ! Est-ce que ce serait vrai ? Ma pauvre mère-grand, est-ce que je ne la verrais plus ? (Elle pleure). Oh ! Monsieur le Loup, dites-moi que vous voulez seulement vous amuser à me faire peur... S'il ne mentait pas pourtant !... C'est qu'il n'a pas l'air bon du tout !... Non, ce n'est pas possible !... Et cependant... Quand je pense que si je n'étais pas restée à flâner dans le bois, je serais peut-être arrivée à temps pour empêcher qu'on ne lui fasse du mal. Pauvre grand-maman !... (Elle pleure).
 
MÈRE-GRAND. - Çà, c'était un peu vrai. La pauvre femme se trouvait toute seule et n'avait guère la force de se défendre, car elle n'était plus jeune. Oh ! Non ; elle n'était plus jeune,... ni tendre ! J'en sais quelque chose ! Les dents m'en font encore mal !


PÂQUERETTE, se mettant à genoux devant mère-grand. - Oh ! Le Loup, je ne puis pas croire que vous soyez méchant que vous le dites, je suis sûre que vous ne parlez ainsi que pour rire. Où est ma chère grand¬maman ? Où est-elle ? Rendez-la-moi. Si vous saviez comme vous me faites de la peine !


MÈRE-GRAND, continuant sans répondre à Pâquerette. - Sans compter que si tu ne m'avais pas si bien indiqué la manière de frapper, j'aurais couru le risque de rester à la porte. — Toc, toc ! grand-mère a cru que c'était le petit Chaperon rouge. — Tire la bobinette, la chevillette cherra. (Riant) Ah ! Ah ! c'est bien heureux pour moi de t'avoir rencontrée.


PÂQUERETTE, avec désespoir. - Oh ! mon Dieu ! il a encore raison ! C'est grâce à mon bavardage que ce vilain homme est entré chez mère-grand. Oh ! si j'avais su !


MÈRE-GRAND. - Tu l'aimais donc bien, ta mère-grand ?


PÂQUERETTE. - Oh ! Oui ; je l'aimais bien ! Elle était si bonne et elle aimait tant sa petite Pâquerette ! Elle avait tant de plaisir quand elle me voyait arriver ! Et moi aussi, j'étais bien contente lorsque maman me donnait une commission pour elle. Oh ! que j'ai de chagrin d'avoir été si souvent désobéissante, paresseuse ! de l'avoir si souvent mécontentée ! Pauvre chère grand-maman !


MÈRE-GRAND, se retourne dans la ruelle pour s'essuyer les yeux. À part. - Bon ! voilà que je pleure aussi, moi ! Cette petite fille-là, je ne sais pas comment elle s'y prend pour me remuer le cœur ainsi qu'elle le fait ! Je n'ai pas le courage de la tourmenter plus longtemps. (Haut) Et si je te la rendais, ta mère-grand, deviendrais-tu plus sage et plus obéissante ?


PÂQUERETTE, s'essuyant vivement les yeux et fourrant son mouchoir dans sa poche. - Ah ! monsieur le Loup, je disais bien que vous n'aviez pas mangé ma mère-grand, et que vous vouliez seulement vous amuser à mes dépens.


MÈRE-GRAND, à part. - Ah oui ! s'amuser à ses dépens ! Avec cela que c'est facile ! (Haut) Eh bien ! tu ne m'as pas répondu ? Si je te rends ta mère-grand, seras-tu plus sage à l'avenir ?


PÂQUERETTE. - Oh ! oui, monsieur le Loup ; je vous le promets. Pour la revoir d'abord, je vous promettrai tout ce que vous voudrez.


MÈRE-GRAND. - Oui ; mais tiendras-tu ta promesse ?


PÂQUERETTE. - Certainement. Parlez vite ; où est-elle ?


MÈRE-GRAND, ôtant son masque. - La voilà !


PÂQUERETTE, sautant au cou de mère-grand et l'embrassant. - Ah ! grand-mère, c'était donc vous ! Si je m'en serais jamais doutée ! Quel bonheur de vous revoir et de vous embrasser !... Mais pourquoi donc avez-vous mis cette vilaine figure noire ?


MÈRE-GRAND. - C'était pour te faire peur du loup, et afin que tu ne t'amuses plus à flâner dans le bois selon ton habitude.


PAQUERETTE. - Ainsi c'est vous, grand-mère, que j'ai rencontrée dans le bois ?


MÈRE-GRAND. - Oui.


PÂQUERETTE. - Eh bien ! je vous assure, mère-grand, que je n'ai pas eu peur de vous ; mais là, pas du tout !


MÈRE-GRAND. - Je m'en suis bien aperçue... Et tout à l'heure ? N'as-tu pas eu peur un peu ?


PÂQUERETTE. - Oh ! tout à l'heure, c'est différent. J'ai eu bien peur, mais c'était seulement de ne plus vous voir.


MÈRE-GRAND, à part. - C'est gentil ce qu'elle dit là ! (Haut) Mais regardez un peu ! Elle ne craint rien ; pas même le loup !


PÂQUERETTE. - À quoi bon craindre le loup, grand-mère ?


MÈRE-GRAND. - À quoi bon ? à quoi bon ?...


PÂQUERETTE. - Écoutez, grand-mère, je ne crains pas le loup ; ça c'est vrai ; mais je crains de vous faire de la peine ; est-ce que cela ne vaut pas mieux ? Puisque vous avez si grande envie de nie voir sage et obéissante, je vais tâcher de le devenir. J'apprendrai à tricoter, à lire, à écrire même ; tout ce que vous voudrez.


MÈRE-GRAND. - Et tu ne flâneras plus dans le bois ?


PAQUERETTE. - Et je ne flânerai plus dans le bois. (Vivement) Mais, par exemple, grand-mère, vous y viendrez quelquefois avec moi, n'est-ce pas ?


MÈRE-GRAND. - Je ne dis pas non. (À part) Il faut toujours vouloir ce qu'elle veut d'abord.


PÂQUERETTE. - Et vous, grand-mère, vous ne me parlerez plus du loup ?


MÈRE-GRAND. - Je ne t'en parlerai plus. (À part) Pour la façon dont ça m'a réussi, ce n'est pas la peine.


PÂQUERETTE. - Eh bien, voilà qui est convenu ! Je vous obéirai, non par peur du loup, mais pour vous faire plaisir ; je n'irai plus au bois sans vous, mais vous viendrez vous y promener avec moi. Je vous ferai des bouquets et je vous cueillerai des fraises comme celles que je vous apporte. (Elle va chercher les fraises). Tenez, grand-mère. Si vous saviez comme elles sont sucrées !


MÈRE-GRAND. - Le fait est qu'elles paraissent bien fraîches et qu'elles sentent bien bon.


PÂQUERETTE. - Je vais mettre le couvert, mère-grand ; et vous les mangerez à votre dessert.
 

FIN


INDICATIONS POUR LA MISE EN SCÈNE

PETIT CHAPERON ROUGE.


ACTE I.


     Le théâtre représente la campagne. Des jardinières ou des caisses d'arbustes avec des fleurs artificielles et des feuillages que Pâquerette sera censée arracher pour garnir sa corbeille. Tapis verts le long des jardinières, pour figurer le gazon et sur lesquels on placera des pâquerettes et des grains rouges quelconques, propres à représenter des fraises. Deux entrées.


ACTE II



     La maison de la mère-grand. Une porte et une fenêtre. Intérieur rustique, mais propre. Meubles en bois blanc. Un lit. Une table. Une cheminée ; devant, une marmite. Balai, torchon, ustensiles de ménage.

Costumes.

PÂQUERETTE. — Costume de petit Chaperon rouge. Jupe de flanelle bordée de velours noir. (La flanelle a l'avantage de pouvoir resservir). Corsage en velours noir ; basques carrées. Tablier de mousseline blanche bordée de velours noir. Petit chapeau rond et tout plat en étoffe pareille à celle de la robe, et posé sur le côté. Manches courtes.


MÈRE-GRAND. — Grand manteau brun à manches et à capuchon. (Un waterproof peut servir). Gros gants de même couleur. Masque figurant une tête de loup. Quand elle enlève son masque et son capuchon, on voit son bonnet de paysanne et ses cheveux gris.

Accessoires.

Un panier, un petit pot de grès. Une galette. Un bouquet.


 


     Une version en ombres chinoises est visible sur :
http://ombres-et-silhouettes.wifeo.com/le-petit-chaperon-rouge.php

 




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