PIECES  DE  THEATRE  POUR  ENFANTS.

 
 
SCÈNE IV

DAME GERTRUDE, CAMILLE, MAGALI, PUIS LE COMTE.


DAME GERTRUDE, à Camille. - Misérable enfant ! Quel souci vous m'avez fait ! Qui vous a permis de sortir ? Votre Papa est arrivé dans la soirée. Il est allé dans votre chambre pour vous embrasser et a trouvé votre lit vide !

CAMILLE. - Mais j'avais laissé un billet disant que j'étais à la fête.


DAME GERTRUDE. - Vous ne deviez pas sortir sans permission et...
     (Monsieur de Beauvallon entre. Camille se jette dans ses bras).


CAMILLE. - Oh ! Papa ! que je suis contente de vous voir !
     (Elle lui saute au cou).


LE COMTE, sévère. - Ainsi, ma fille, vous quittez le château sans permission ?
 

CAMILLE. - Oh ! Papa ! je voulais tant voir la fête.


LE COMTE. - Il fallait le dire à votre gouvernante. Elle vous aurait accompagnée.


CAMILLE. - Mais, Papa, Dame Gertrude n'a pas voulu.


DAME GERTRUDE. - Voyons, Monsieur le Comte n'y songe pas ? Voir la fille de Monsieur le Comte mêlée à cette populace !


LE COMTE. - Mais ce sont tous de bien braves gens.


DAME GERTRUDE. - Et puis, l'air du soir est mauvais pour la santé.


CAMILLE, agressive. - Et aussi l'air du matin, de l'après-midi et du crépuscule, n'est-ce pas ? (Au Comte) Oh ! Papa ! j'avais tellement envie de sortir ! Je m'ennuyais tant, enfermée dans ce château !

LE COMTE. - Mais il fallait sortir.

MAGALI. - Monsieur, Dame Gertrude n'aime ni le soleil, ni le mistral et elle tenait Mademoiselle Camille enfermée par peur des rhumes. Pourtant, je me porte bien, moi, et je cours au grand soleil, à la pluie et au vent

DAME GERTRUDE. - Tais-toi, impertinente ! (Au Comte) J'espère que Monsieur le Comte punira Camille comme il convient.


CAMILLE. - Papa, je vous demande pardon. J'avais tellement envie de participer à ces réjouissances, d'être, pour un soir, une petite fille comme les autres.

LE COMTE, après avoir considéré longuement son enfant. - Je vois, Camille, que votre séjour dans le midi a rétabli votre santé. Il vous manque seulement un peu de rose aux joues. Eh ! bien, puisque vous avez voulu participer aux réjouissances de ces paysans, il est juste que vous participiez aussi à leurs peines et à leurs travaux. Dans quelques jours, je partirai pour Paris avec votre gouvernante, et vous laisserai tout l'été avec votre nourrice, en la priant de vous traiter exactement comme Magali.

CAMILLE, ravie. - Je pourrai courir dans les prés ?

MAGALI, de même. - Et faire les foins ? Et garder les chèvres ‘ ?

CAMILLE. - Et faire les vendanges ? Oh ! Papa, que vous êtes bon !
     (Elle l'embrasse).

LE COMTE, mi plaisant, mi sévère. - Vous oubliez que ceci est une punition !

DAME GERTRUDE, scandalisée. - J'ai peine à croire que Monsieur le Comte...

 

SCÈNE V

LES MÊMES, LE GARDE CHAMPÊTRE, LA FOULE.


     (À ce moment la foule entre et va se ranger au fond. Le Garde champêtre porteur d'une énorme couronne de roses, s'approche de Gertrude et la salue respectueusement).

LE GARDE CHAMPÊTRE, solennel. - Je viens, au nom de mes concitoyens, vous annoncer qu'étant la personne qui les a le mieux divertis, en cette soirée, ils vous ont, à l'unanimité, élue reine de la fête.

LA FOULE. - Vive la Reine ! Vive Madame Gertrude ! ,
     (Le Garde champêtre dépose la couronne sur la tête de Gertrude. Mais elle reprend ses esprits et jette avec colère la couronne aux pieds du garde).

DAME GERTRUDE, en colère. - Je n'ai que faire de votre couronne, pendard ! malotru !

LA FOULE, indignée. - Oh !

LE COMTE, ramassant la couronne et la présentant avec galanterie à Dame Gertrude. - Je comprends, Dame Gertrude, que vous ayez repoussé la couronne que vous offrait ce lourdaud. Mais je pense que, si je me fais l'interprète de la volonté unanime, vous ne sauriez la repousser de mes mains.

DAME GERTRUDE. - Mais, Monsieur le Comte... je ne sais pas... je... je suis en bigoudis...


LE COMTE. - Vous n'en n'êtes pas moins charmante.
     (Il la couronne).


LA FOULE, manifestant bruyamment sa joie. - Vive Monsieur le Comte ! Vive la Reine !


LE COMTE. - Merci, mes amis. Et si vous le voulez bien, c'est moi qui vais conduire la farandole !
     (La farandole s'organise avec le Conte, puis Gertrude qui garde son air digne et renfrogné, puis Camille, puis Magali, puis la foule. La farandole fait plusieurs fois le tour de la scène, puis sort pendant que le rideau tombe).

RIDEAU

COSTUMES :

CAMILLE. À l'acte I : Robe à volants, très froncée. Manches bouffantes. Petits pantalons à volants dépassant la robe. Cheveux bouclés.
À l'acte II : Costume local. Jupe rayée blanche et rouge avec deux bandes de velours noir dans le bas. Petit tablier de soie noire. Fichu à frange.Capeline niçoise.

GERTRUDE. Elle est très corpulente. Vaste crinoline. Casaque à manches très larges.

MAGALI. Large jupe rayée, à mi-jambe. Petit tablier de soie. Capeline ou coiffe genre «béguin» avec un petit volant plissé autour du visage.

LES DANSEUSES. Jupes rayées. Fichus. Petits tabliers. Capelines ou coiffes.

LES DANSEURS. Pantalon rayé blanc et bleu ou blanc et rouge. Chemise blanche avec cravate La Vallière. Large ceinture rouge drapée. Bonnet rouge avec gland pendant sur le côté.

LE MAIRE. Habit à queue. Chapeau haut de forme. Écharpe tricolore.

DE GARDE CHAMPÊTRE. Uniforme classique. Bicorne. Tambour.

LE COMTE. Redingote noire. Moustaches. Monocle.

 
au pays des farandoles, theatre pour enfants, partition musicale



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