PIECES DE THEATRE POUR ENFANTS.
I.
Chantons, amis !
Oublions nos soucis,
Puisque ce soir c'est la fête au village
Chantons, amis !
Oublions nos soucis,
Puisque ce soir c'est la fête au pays.
Avec entrain
Chantons nos refrains
Et déroulons nos joyeuses farandoles
Avec entrain
Chantons nos refrains
Au son des fifres et des tambourins.
(Ils se rangent au fond de la scène, le Maire est au premier rang. Les huit demoiselles d'honneur, portant des corbeilles fleuries, s’avancent sur la scène et se groupent deux par deux suivant le croquis ci-dessous).
O O O O
O O O O
(Elles chantent. Air : Ô Magali.
Elles tiennent leur panier de fleurs horizontalement à bout de bras).
Voici des fleurs de la Provence
Lavande bleue et serpolet.
Elles embaumeront nos danses
De leur parfum doux et discret.
(Elles balancent alternativement leurs paniers de droite à gauche en chantant :)
Coquelicots et genêts d'or
Œillets sauvages
Cueillis sur les coteaux vermeils
(Elles élèvent leur panier à bout de bras au-dessus de leur tête, en avançant d'un pas).
Pleins de soleil !
II
(Elles passent l'anse du panier à leur bras gauche et en tirent un bouquet qu'elles placent à leur ceinture. Elles chantent).
Mettons-les à notre ceinture
Belles fillettes aux doux yeux.
Elles dureront ce que durent
Nos chants, nos rondes et nos jeux.
(Elles prennent un second bouquet qu'elles respirent, la tête inclinée sur l'épaule, en souriant).
Et sourions en respirant
Le tendre arôme
Qu'exhalent nos bouquets charmants,
(Elles avancent d'un pas en élevant leur panier au-dessus de leur tête).
De fleurs des champs !
III.
(Elles placent l'anse du panier dans leur bras gauche et jettent à poignées des pétales et des petits bouquets. Mouvement lent et rythme du bras droit qui lance les fleurs).
Que leurs corolles parfumées
Comme de légers papillons
Volant dans la brise embaumée
Portent la joie sur tous les fronts.
Voici des fleurs, de tendres fleurs
De la Provence !
Pétales bleus, jaunes et roux,
(Elles avancent d'un pas et d'un geste large, envoient des pétales sur le public).
Envolez-vous !
IV.
(Elles posent leur panier derrière elles et montrent le sol de la main droite étendue qui décrit lentement un arc de cercle).
Sur le tapis de vos corolles,
Pétales d'or, pétales blancs,
(Elles sautillent légèrement).
Sur l'air de vives farandoles
Nous danserons joyeusement.
(Se tournant vers les danseurs).
Venez, amis, prenons nos mains
Formons la danse
(Les danseurs s‘approchent et s'intercalent entre les danseuses dont ils prennent les mains).
En écoutant le gai refrain
Des tambourins.
Air : La Farandole.
(Danseurs et danseuses se prennent les mains et font la farandole sur la scène. Un garçon conduit la danse en brandissant une hallebarde enrubannée. Si la scène est trop petite pour faire évoluer tous les danseurs, quatre ou six d'entre eux tiendront des arceaux fleuris sans lesquels passera la ronde. Voir croquis ci-dessous).
LA FARANDOLE.
I.
(La farandole va partir. Un pas glissé, lever la jambe droite. Un pas glissé, lever la jambe gauche).
LE CHŒUR ET LES DANSEURS, chantant. -
Fillettes brunes et gars de chez nous,
Sous les grands pins bruissants de cigales,
Fillettes brunes et gars de chez nous,
Voici la ronde, accourez tous !
Puisque ce soir, c'est la fête au village
Par les près, les champs et les bois,
Par les forêts et les landes sauvages
Dansons, dansons sur des airs d'autrefois.
II.
(La farandole serpente au flanc de la colline. Petits pas glissés assez lents).
Tra la la la
À petits pas
La ronde lente
Grimpe la pente.
Tra la la la
À petits pas
Tenons-nous bien,
Ne nous lâchons pas !
Tra la la la
À petits pas
Sur la colline
Plein' d'églantines
Tra la la la
À petits pas
Nous grimperons
Fillettes et gars !
III
(La farandole arrive au sommet de la colline et danse en rond.
Pas : jambe droite. - 1° Le talon frappe le sol en avant ; 2° la pointe frappe le sol en arrière ; 3° jambe repliée en arrière ; 4° jambe étendue en avant, assez haut. À chaque mouvement, sautiller sur la jambe gauche. Puis faire les mouvements sur la jambe gauche et sautiller sur la jambe droite, etc...
Comme chaque pas est divisé en quatre mouvements, la ronde va assez lentement).
Nous voici
Au sommet des coteaux recouverts de genêts.
Nous voici
Au sommet des collines fleuries.
Mais déjà
Le sentier redescend vers la plaine, là-bas
Mais déjà
La farandole redescendra.
VI.
(Les danseurs sont fatigués et regagnent le village à petits pas. Même pas qu'au numéro II).
À travers chemins et sentiers fleuris
Nous voici revenus au pays.
Saluons bien bas, mes petits amis
Notre ronde est finie !
(Ils saluent en se tenant la main et vont se ranger au fond aux applaudissements des villageois).
LE GARDE CHAMPÊTRE, après un roulement de tambour. - Et maintenant, Mesdames, Messieurs, nous allons tirer le feu d'artifice.
LA FOULE, applaudissant. - Bravo !
(Le Garde champêtre s'approche du devant de la scène, entouré de deux jeunes gens. Ils tiennent à la main de petites bougies-fusées qu'ils allument. La première est bleue, la deuxième blanche, la troisième rouge).
LE GARDE CHAMPÊTRE ET LES DEUX JEUNES GENS, se baissant et agitant les fusées. - Bzz, bzz, bzz ! (Se relevant et levant les fusées à bout de bras, lentement). Ch ! ch ! ch ! ch ! (Dressant les fusées au-dessus de leur tête, ensemble). Poum !
LA FOULE, le nez en l'air. - Ohhhh !
(Même jeu des artificiers et de la foule jusqu‘à ce que les bougies soient consumées).
LE MAIRE, se levant. - Et maintenant, chers concitoyens, nous allons continuer ces réjouissances en élisant la reine de la fête.
LA FOULE. - Bravo !
(Applaudissements).
LE MAIRE, continuant. - Nous allons élire parmi les dames présentes, celle qui nous aura le mieux divertis.
(Les dames et demoiselles rajustent leurs bonnets, défripent leurs jupes et prennent des airs avantageux).
LE MAIRE. - Nous allons donc nous retirer...
SCÈNE III
LES MÊMES, DAME GERTRUDE.
DAME GERTRUDE, entrant. - (Elle est en vêtements de nuit sur lesquels elle a jeté une mante. Elle est en bigoudis et paraît fort surexcitée). Camille ! Camille ! Où est Camille ?
(Pendant cette scène, Camille s'est prudemment dissimulée derrière un pilier).
LE MAIRE, poursuivant sa harangue. - Nous allons élire ensemble...
DAME GERTRUDE, de plus en plus surexcitée. - Camille ! où êtes-vous ? Rendez-moi Camille !
LE GARDE CHAMPÊTRE, à Dame Gertrude. - Je vous somme de ne pas troubler le premier magistrat de la commune dans l'exercice de ses fonctions oratoires !
LE MAIRE, poursuivant. - Celle de ces demoiselles qui vous a parue...
DAME GERTRUDE, repoussant le garde. - Camille ! misérable enfant ! voulez-vous répondre ?
LA FOULE, houleuse. - Chut ! chut ! Silence !
LE GARDE CHAMPÊTRE, s'interposant à Dame Gertrude. - Si, nonobstant mes objurgations, vous vous obstinez à vociférer, je verbalise !
LE MAIRE, poursuivant et essayant de se faire entendre dans le charivari. - Remplir les conditions nécessaires pour être reine, et je vous demande...
DAME GERTRUDE, d'une voix perçante. - Camille ! Camille !
LE GARDE CHAMPÊTRE, essayant de la maintenir. - Si vous récidivez, je vais user de la contrainte par corps !
DAME GERTRUDE, hurlant. - Camille ! voulez-vous répondre ?
LA FOULE, qui commence à se divertir. - Ah ! Ah !
LE GARDE CHAMPÊTRE, saisissant Dame Gertrude à bras-le-corps et lui appliquant sa main sur la bouche. Au Maire. - Vous pouvez continuer, Monsieur le Maire. Elle se taira.
LE MAIRE. - De venir avec moi et de procéder à cette élection !
(Il pousse un soupir de soulagement et s'essuie le front avec un vaste mouchoir à carreaux).
LA FOULE. - Bravo ! Vive Monsieur le Maire !
LE GARDE CHAMPÊTRE, à Dame Gertrude qui n'a cessé de se débattre. - Et maintenant, vous pouvez disposer...
DAME GERTRUDE, cramoisie, essayant de donner un soufflet au Garde qui se sauve en riant. - Maraud ! Faquin ! Malappris !
(Pendant ces répliques, la foule s'est écoulée lentement. Camille et Magali ont fini par sortir de leur cachette. Gertrude les aperçoit et fond sur elles).