Scène XIII.

     L'Anglais se retourne d'une pièce pour voir où en est l'opération ; il se trouve la figure sur les reins de Bamboula et lui donne une bourrade. Le groom s'arrête comme pétrifié ; la mère Michel arrive, désolée, en s'essuyant les yeux avec sa robe ; soudain elle aperçoit Bamboula et se jette sur lui ; en s'esquivant il découvre lord Tolan que la vieille renverse avec son tabouret ; l'Anglais se relève vexé et veut la boxer, il reconnaît la femme avec laquelle il a déjà eu des difficultés, il tire sa montre et demande une explication ; la mère Michel en colère retrousse ses manches et ses jupes... et défie en même temps l'Anglais impassible et le nègre qui danse en riant à quelque distance ; elle court sur ce dernier ; au moment de l'atteindre, elle est retenue par l'Anglais qui la saisit par ses jupes, elle se retourne pour donner la chasse à ce dernier qui se trouve à son tour défendu par Bamboula agissant de la même manière. Cette scène se répète plusieurs fois, lassant la mère Michel qui devient d'autant plus furieuse qu'elle poursuit tout le monde et n'atteint personne.

Scène XIV.

     Affolée et n'en pouvant plus elle se sent prête à défaillir ; lord Tolan s'arrête et lui présente le tabouret sur lequel elle se laisse tomber lourdement et en fermant les yeux ; l'Anglais lui soutient la tête pendant que Bamboula lui frappe dans une main ; lord Tolan veut l'imiter et lui frappe dans l'autre ; la mère Michel n'étant plus soutenue, manque de tomber ; Bamboula lui saisit la tête à son tour, cette opération se répète plusieurs fois, chacun d'eux tapant avec une violence de plus en plus marquée dans la main dont il s'empare ; la vieille tressaille chaque fois, ouvre enfin les yeux et pleure en songeant à son chat fricassé... Lord Tolan et Bamboula la consolent, lui essuient les yeux à tour de rôle avec leurs mouchoirs après s'être mouchés dedans ; la mère Michel les regarde d'abord avec courroux, puis voyant qu'ils sont aux petits soins pour elle, leur pardonne en les embrassant.

Scène XV.

     Sur ces entrefaites, Pierrot rentre, tenant à la main le coulisseau qui renferme le portrait de lord Tolan ; il regarde la scène avec stupéfaction et semble surpris de cette amitié qui réunit tout le monde. La mère Michel court à lui et veut l'embrasser également ; Pierrot la retient avec peine en lui faisant faire la remarque quelle va détériorer le portrait qu'il tient et qui est celui de l'Anglais. Tout le monde alors se rapproche avec curiosité pour le voir ; lord Tolan tire sa montre et regarde l'heure. Enfin Pierrot prenant un air suffisant, ouvre sa boîte et en tire le portrait qu'il offre à la vue de tous. Chacun pousse une exclamation ! Ce portrait représente une tête de chat. La mère Michel reconnaît son matou. Pierrot demande ce que cela signifie ; une inspiration lui traverse le cerveau... Il va chercher son objectif, l'emmène en scène, l'ouvre avec précaution et... au grand étonnement de tous, en tire le chat ; la mère Michel le saisit et l'embrasse avec transport. De la main qui lui reste libre, elle serre la main de Pierrot, de l'Anglais et de Bamboula, puis se met à sauter avec joie à l'idée d'avoir retrouvé son matou. Bamboula l'imite, Pierrot idem, lord Tolan tire sa montre et voyant l'heure peu avancée, trouve qu'on peut se livrer à une douce gaîté ; un quadrille bigarré s'engage dans lequel la mère Michel forme un cavalier seul avec son chat ; galop général.

FIN