PIECES  DE  THEATRE  POUR  ENFANTS.

 
 

LE RETOUR DE BLANCHE-NEIGE

Saynète pour enfants de huit à dix ans
par Jean-Claude BAL

Représentation donnée, pour la première fois, par les enfants des Écoles d'Albertville, le 24 juin 1956.

PERSONNAGES :

BLANCHE-NEIGE
LE BEAU PRINCE
LE PETIT CHAPERON ROUGE
LE PETIT POUCET
LE CHAT BOTTÉ
LA BELLE AU BOIS DORMANT
LE PRINCE CHARMANT
CENDRILLON
LA SORCIÈRE
LE FILS DU ROI
LES SEPT NAINS DE LA FORET
LES SIX FRÈRES DU PETIT POUCET


     La scène est en plein air et représente, autant que possible, un paysage forestier.
     Costumes traditionnels. Le Petit Poucet porte des bottes ; ses frères sont pieds nus ou en sabots.
     Cendrillon est parée, comme pour le bal. Etc...

 

SCÈNE I

LE PETIT CHAPERON, d'abord seule,
puis, successivement, LE PETIT POUCET ET SES SIX FRÈRES,
LE CHAT BOTTÉ,
LA BELLE AU BOIS DORMANT ET LE PRINCE CHARMANT,
CENDRILLON ET LE FILS DU ROI


LE PETIT CHAPERON ROUGE, seule, son panier au bras. - Oh, comme il fait bon ici, au milieu de cette verte campagne ! La lumière est si belle et si pure ! L'air si doux et si léger !... Les fleurs brillent. Les oiseaux chantent. Cela donne envie de chanter aussi, et de rire, et de danser... Mais je m'aperçois que je suis seule, ici, et la première arrivée en ces lieux enchanteurs où nous devons nous réunir, mes compagnons et moi : le Petit Poucet, le Chat Botté, la Belle au Bois et son Prince Charmant, Cendrillon et le Fils du Roi, et Blanche-Neige, et les joyeux nains de la forêt...
     Tous, enfin... Ils tardent un peu à venir. Posons, en attendant, mon petit panier dans un coin et cueillons quelques fleurs... Des fleurs... Des fleurs... Un gros bouquet de fleurs... (Elle pose son panier et se met à cueillir des fleurs. Puis elle se redresse et regarde dans la coulisse, comme à l'approche de quelqu'un. En effet, c'est le Petit Poucet qui arrive, accompagné de ses six frères. Le Petit Chaperon se précipite pour l'embrasser, tandis que les six frères vont se ranger ensemble dans le fond de la scène). Ah ! Le Petit Poucet !... Te voilà, Petit Poucet ; Bonjour ! bonjour !... Tu es en retard...


LE PETIT POUCET. - C'est vrai. J'ai encore failli m'égarer dans cette grande forêt. Je ne réussissais plus du tout à retrouver mon chemin. Et mes frères qui commençaient à se désoler... Mais sais-tu ce que j'ai fait ?

LE PETIT CHAPERON. - Non. Mais ce que je sais, c'est que tu es très adroit et que tu réussis toujours à te tirer d'affaire… Alors, qu'as-tu fait ? Raconte.

LE PETIT POUCET. - Eh bien, je vais te le dire. Je suis monté sur un arbre, le plus grand que j'ai pu trouver, jusqu'au sommet. De là-haut, je découvrais au loin toute la forêt, avec tous les alentours. C'est ainsi que j'ai pu reconnaître la bonne direction et me remettre, avec mes frères, dans le bon chemin.

LE PETIT CHAPERON. - Bravo, Poucet ! Je le sais bien que tu réussis toujours à sortir d'embarras. Tous mes compliments ! (Elle regarde de nouveau dans la coulisse). Ah ! Voici encore quelqu'un...

LE PETIT POUCET. - Eh, c'est notre ami, le Chat Botté !


LE CHAT BOTTÉ, avec une profonde révérence et un large salut de son grand chapeau à plumes. Il paraît un peu essoufflé. - Bonjour ! Bonjour, mes chers amis ! (Ils s'embrassent). Ouf ! (Le Chat pousse un gros soupir). Figurez-vous que j'ai rencontré l'ogre, dans ces bois.

LE PETIT CHAPERON, assez étonnée et inquiète. - L'ogre ?


LE PETIT POUCET, même jeu. - L'ogre ?


LE CHAT BOTTÉ. - Oui, l'ogre. L'ogre lui-même. Il s'était mis en campagne de grand matin, à la recherche de quelque mauvais coup. Heureusement, je l'ai aperçu de loin. Je me suis vite caché sous un buisson de noisetier et je l'ai regardé au passage, entre les feuilles. Il est vraiment horrible, avec ses grandes dents et son grand couteau. Mais il ne m'a pas vu et il a pris un autre chemin. Il doit être bien loin d'ici, à cette heure. Nous n'avons plus rien à craindre.

LE PETIT POUCET, avec soulagement. - Ah ! tant mieux !

LE PETIT CHAPERON, même jeu. - Tant mieux ! Nous voudrions bien ne jamais le voir ni le rencontrer. (Elle porte encore ses regards vers la coulisse, non sans une certaine frayeur). Quelque chose a bougé par là...

LE PETIT POUCET, avec un peu de frayeur également. - Qui est-ce ? Qu'est-ce que c'est ?

LA BELLE AU BOIS ET LE PRINCE CHARMANT, en se précipitant joyeusement sur la scène. - C'est nous ! C'est nous !...

LE PETIT CHAPERON. - Ah ! j'ai eu grand peur... (Avec joie, en accueillant la Belle au Bois). Ah ! c'est vous, la Belle au Bois ! Je vous embrasse.
     (Elles s'embrassent).

LE PETIT POUCET, même jeu, avec le Prince Charmant. - C'est vous le Prince Charmant, mon cher ami !

LE PRINCE CHARMANT. - Mon cher Poucet ! Quelle bonne rencontre !...
     (Ils s'embrassent).

LA BELLE AU BOIS, l'air très heureuse. - Oui, c'est nous ! Vous nous attendiez ?... Le Prince et moi, nous nous sommes levés assez tard. Et puis, vous savez : il faisait si bon tout le long du chemin ! Nous en avons profité pour nous amuser un peu, dans la fraîcheur du matin. Les ruisseaux gazouillaient sur les pentes, et les Oiseaux dans les feuillages.
     L'herbe, dans la prairie, brillait des perles de la rosée. C'était vraiment délicieux.

LE PETIT POUCET. - C'est vrai... L'herbe, les fleurs, la verte prairie... Mais, moi, je préfère la forêt. C'est là que je suis né et que j'ai toujours vécu, à l'ombre des grands arbres. C'est là que je me sens à mon aise. Je ne connais rien de meilleur au monde.

LE PETIT CHAPERON, se tournant vers la coulisse. - Ah ! Cendrillon !... Voici Cendrillon à son tour !


LE CHAT BOTTÉ. - Cendrillon, avec le Fils du Roi !
     (Cendrillon et le Fils du Roi entrent sur la scène. Embrassade générale).


TOUS. - Bonjour, Cendrillon ! Bonjour ! bonjour !...

CENDRILLON ET LE FILS DU ROI. - Bonjour ! bonjour !...

LA BELLE AU BOIS, à Cendrillon, en lui prenant la main. - Eh bien, charmante Cendrillon !... Comme c'est gentil d'être venue avec nous !

LE CHAT BOTTÉ, à la même. - Et vos pantoufles de verre, Cendrillon ? Elles n'ont pas trop souffert à courir comme cela, à travers la campagne, dans la rosée du matin ?

CENDRILLON. - Point du tout ! Mes pantoufles de verre que la fée, ma marraine, m'a données, sont très solides, savez-vous ?

LE PETIT CHAPERON. - Aussi solides qu'elles sont jolies, Cendrillon ! Voudriez-vous nous les montrer encore une fois, ma chère amie ? Vos petites pantoufles de verre, on voit bien, oui, que c'est une fée qui vous les a données, elles sont toujours si mignonnes, si agréables à regarder !

CENDRILLON, en allongeant son pied sur l'herbe. - Mais, certainement, je veux bien vous les montrer. Tenez, les voyez-vous ?


TOUS, regardant, avec admiration. - Oh ! Oh !...

LE PETIT POUCET. - Si légères et délicates !

LE PRINCE CHARMANT. - Si fines et élégantes !

LE CHAT BOTTÉ. - Adorables !... Adorables, Cendrillon, vos petites pantoufles de verre ! Et pour danser, au son de la musique, c'est vraiment tout ce qu'il y a de mieux. Mais, pour courir par les prés et les bois, pour passer sans se déchirer à travers les ronces et les épines, je préfère, vous comprenez, mes bottes à moi, ou celles de mon ami Poucet. Et puis, avec nos grandes bottes, on peut aussi très bien danser, comme nous allons vous le prouver.
     (Il s'approche du Petit Poucet et tous les deux dansent ensemble).

TOUS, riant et applaudissant. - Ha ! ha ! ha !... Bravo ! bravo !...

LE PETIT CHAPERON. - Tout va très bien, et voici que la gaîté s'est installée parmi nous. Cependant, nous ne sommes pas encore au complet. Il manque Blanche-Neige.

LE PETIT POUCET. - Blanche-Neige, c‘est vrai. Elle n'est pas encore ici.

CENDRILLON. - Comment se fait-il ? Pourvu qu'aucun malheur ne lui soit arrivé. Elle habite toujours, je pense, le beau château de ses parents...

LE FILS DU ROI. - Oui, mais on dit que ses parents sont morts et que la nouvelle maîtresse du château est une femme laide et méchante, qui est jalouse de Blanche-Neige. Elle est jalouse de Blanche-Neige parce que Blanche-Neige est jolie et qu'elle est aimée de tout le monde.. C'est pour cela, justement, que cette méchante femme prend plaisir à la tourmenter. Elle ne la laisse jamais en repos et lui fait subir toutes sortes de mauvais traitements. Aussi Blanche-Neige est-elle bien malheureuse.

CENDRILLON, désolée. - Notre chère amie Blanche-Neige, malheureuse !... Ah ! par exemple !...

LA BELLE AU BOIS, même jeu. - Blanche-Neige, malheureuse !... Nous ne pouvons pas permettre qu'une femme méchante et jalouse rende malheureuse notre amie Blanche-Neige !

LE PETIT POUCET. - Non, nous ne le permettrons pas ! Nous allons certainement trouver un moyen de lui venir en aide.

TOUS. - Oui ! Oui !

LE PRINCE CHARMANT. - Je sais, moi, que le Beau Prince est passé sous la fenêtre de Blanche-Neige. Le Beau Prince, c'est mon cousin à moi, et je le connais fort bien. Il a aperçu Blanche-Neige. Il l'a trouvée si jolie et si charmante qu'il s'est arrêté pour l'admirer et lui a fait des signes d'amitié, en se promettant de la revoir. Mais Blanche-Neige est bien gardée, et la méchante femme la fait surveiller nuit et jour. Cependant, si l'on en croit les dernières nouvelles, Blanche-Neige aurait réussi à s'enfuir du château paternel et à s'échapper dans la forêt.

TOUS. - Très bien ! Très bien !

LE PRINCE CHARMANT. - Mais Blanche-Neige ne connaît pas les sentiers de la forêt. Elle s'est égarée. Elle serait certainement morte de faim et de fatigue si les sept nains, au retour de leur travail, ne l'avaient rencontrée sur leur chemin. Ils l'ont, paraît-il, emmenée dans leur maison, au milieu des grands bois... Mais, depuis, je n'en ai plus de nouvelles.

LE FILS DU ROI. - Si Blanche-Neige a été recueillie par les nains, il n'y a rien à craindre. Les nains sont mes amis et il n'existe personne de plus gentil qu'eux sur la terre. Blanche-Neige n'est donc pas perdue et elle viendra certainement avec nous. Voulez-vous qu'en l‘attendant, nous chantions une chanson en son honneur ? Si loin qu'elle se trouve elle nous entendra et répondra à notre appel.

TOUS. - Oui ! oui ! Chantons, chantons ensemble !...

 

SCÈNE II

LES MÊMES


     (C'est la chanson en l'honneur de Blanche-Neige. Le Fils du Roi, ou le Chat Botté, ou un autre, peut diriger l'exécution. On se limitera, si on le désire, à deux ou trois couplets).

1er COUPLET
Douce Blanche-Neige,
Ne viendras-tu pas ?
Le bois nous protège
Et cache nos pas.
Le temps coule et passe.
Et nous t'attendons,
Pour remplir l'espace
De mille chansons.

2° COUPLET
Avec toi, charmante,
Tout n'est que bonheur ;
Notre âme s'enchante
Devant ta lueur.
Tu t'en viens, légère,
Et ton front si pur
Porte la lumière
Du grand ciel d'azur.

 





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