PIECES  DE  THEATRE  POUR  ENFANTS.

 
 
IIe ACTE

     (Les fillettes précédentes, moins Paule, dansent par deux sur l’air populaire « Pour passer le Rhône ». Celle qui reste tape dans ses mains. La danse légère et bien exécutée peut servir d’intermède et durer quelques minutes. Paule survient, portant un gros paquet. La danse se disloque).

TOUTES, curieuses, autour du paquet. — Qu’est- ce que c’est ?

PAULE. — La Maîtresse m’a dit en riant que c’était de la part du Père Noël. Elle a ajouté qu’il fallait que nous décachetions le colis toutes ensemble.

SIMONE. — Tiens, voilà des ciseaux.
     (Elles défont le paquet sans le masquer. Les enfants sont disposées en demi-cercle. Paule au milieu. Pour que l’effet recherché soit produit, le paquet doit contenir : 50 paquets de bonbons (environ), 12 pots de confiture, 30 bouchées de chocolat, des taille-crayons, doubles-décimètres, gommes, stylos à bille, des livres, etc).

PAULE, déballant. — Chic ! des bonbons, il y en a au moins cinquante paquets.

YVETTE. — Mes bonbons ! Mes pots de confiture ! Mes bouchées ! Je les reconnais.

CHANTAL, déçue. — Tu crois ?
     (Elle dépose tous les produits réclamés bien en vue aux pieds d’Yvette).

PAULE. — Moi, ma vieille, je te conseille d’ouvrir une épicerie.

YVETTE, gênée. — Tout de même ! Jamais je n’aurais cru que ça en faisait tant que cela.

PAULE, criant presque. — Eh ! mais ce sont mes affaires ! Je les reconnais aussi. Qu’est-ce qu’elles font là-dedans ?

SIMONE, plongeant dans la caisse. — Patience ! Il y a une lettre ! (Elle la décachette). Signée : Père Noël.

PAULE, autoritaire et impatiente. — Mais lis-là donc. Dépêche-toi !

SIMONE, elle lira à haute voix assez lentement. — 
"Mes chères petites,
     Je vous fais parvenir ce colis qui s’est glissé par mégarde parmi mes nombreux colis de Noël. Il m’aurait évidemment permis de gâter beaucoup de petits malheureux, mais mon enquête m’a révélé ce que son contenu représentait pour certaines d’entre vous. Je ne puis donc commettre un acte malhonnête en le gardant, ni faire le bien en procédant ainsi.
     Je souhaite seulement, à celles qui rentrent en possession de leurs biens, de considérer le nombre des objets retournés à chacune et de rentrer en elles-mêmes."

PAULE. — Ça alors, c’est tapé ! Regarde un peu ton épicerie, ma pauvre Yvette !

YVETTE. — Tu ferais mieux de regarder ton bric-à-brac. Si moi je monte une épicerie, tu pourras t’installer en face avec un bazar ! (Toutes rient).

FRANÇOISE. — Qu’est-ce que tu as, Gisèle ?

GISÈLE, l’œil fixe. — Je ne suis pas d’accord avec la lettre.

SIMONE. — Eh ! bien, tu en as de bonnes ! Explique-toi.

GISÈLE, l’œil fixe. — Vous n’étiez pas privées de ces choses, tandis que pensez un peu à ce qu’elles représentent pour des petits malheureux.

JEANINE, véhémente. — Pense, Yvette, qu’avec tes bonbons tu peux faire cinquante heureux.

CHANTAL. — Moi, je sais bien ce qu’il faudrait...

YVETTE. — Tais-toi, mois aussi je le sais. Et maintenant je comprends tout.

GISÈLE. — C’est nous...

YVETTE. — Laisse-moi dire, tu t’expliqueras après. Elles ont raison. Ce qui serait bien, ce serait de refaire le colis en le signant toutes pour montrer qu’on est toutes d’accord. Et puis de le reposer sur le bureau de la Maîtresse.

TOUTES, ensemble. — D’accord.

YVETTE, à Gisèle. — Et maintenant, explique.

GISÈLE. — Vous comprenez, on s’est privées toute l’année pour participer à cet Arbre de Noël car vous savez que nous ne sommes pas riches, ni Jeanine, ni Chantal, ni moi.

CHANTAL. — Chaque fois qu’on a voulu vous taper, on s’est heurté à votre égoïsme.

JEANINE. — Alors c’est moi qui ai eu l’idée de prélever un impôt sur vos défauts.

GISÈLE. — On espérait en même temps vous améliorer.

SIMONE. — Ça, ma fille, tu peux dire que tu as des idées de génie. À moi, elle m’a donné le goût du travail.

YVETTE. — Il est un fait que je suis moins gourmande.

PAULE. — Moi, j’ai appris à ranger mes affaires.

FRANÇOISE. — Je dépense moins bêtement mon argent.

LILIANE. — Je commence à avoir honte de mentir. Mais c'est plus fort que moi : quand je trouve qu'il n'y en a pas assez, il faut que je rallonge.

CHANTAL, étonnement comique. — C'est bien la première fois qu'elle fait une phrase si longue sans mentir.

JEANINE. — Alors unies et pour toujours !

TOUTES, solennellement, tête relevée énergiquement. — Comme les doigt de la main.

CHANTAL. — Tout est bien qui finit bien ! Vive le Père Noël !

GISÈLE. — N'attendons pas Noël pour être généreuses.

YVETTE. — Mais oui, formons une coopérative !

SIMONE. — Quelle bonne idée ! Nous allons prévenir la Maîtresse qui sera fière de ses grandes.

JEANINE. — Il y a tant de bien à faire, et tant de plaisir à faire le bien.

TOUTES, ensemble. — Vive la Coop !

 
 
RIDEAU
 
TOUS DROITS RÉSERVÉS. — Toute représentation, même gratuite, de cette pièce, doit faire l'objet d'une autorisation préalable, de la SOCIÉTÉ DES AUTEURS DRAMATIQUES, 11, rue Ballu, Paris (9e).

http://www.sacd.fr/Demande-d-autorisation-pour-les-exploitations-amateur.204.0.html

 



Créer un site
Créer un site