PIECES  DE  THEATRE  POUR  ENFANTS.

 
 

LE NOËL DU PETIT VITRIER


Saynète pour garçons de 7 à 10 ans
par Marthe BIANCHINI



http://www.flickr.com/photos/taffeta/4167307055/

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PERSONNAGES

GÉRARD, 10 ans.                                            JACKY, 7 ans.
       ALAIN, 9 ans.                                                PIERROT, 12 ans.
LE  PÈRE
LA  TANTE  HORTENSE (rôle tenu par un garçon).



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DÉCOR

     Une salle à manger. Mobilier à volonté. Chaises. Une table peut être dressée pour le réveillon (guirlandes, bougies, touffe de gui).
     Au lever du rideau, Gérard et Alain sont assis sur des chaises. Jacky, assis par terre sur un tapis, joue avec des cubes.

 

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SCÈNE  PREMIÈRE

GÉRARD, ALAIN, JACKY

 

GÉRARD. - Quelle veine ! Ce soir c'est la veille de Noël !

ALAIN. -  Demain, à cette heure-ci, nous aurons déjà tous nos jouets.


GÉRARD. - J'aurai mes patins à roulettes...

ALAIN. - Et moi mon Meccano N° 4.

JACKY. - Et ma boîte de cow-boys en plastique.


GÉRARD. - Et mon coffret de modèles réduits.

ALAIN. - Et mon ballon de foot.
   
JACKY. - Et ma boîte de peinture... et mon éléphant en peluche.
 
ALAIN. - Je me demande ce que tu feras d'un éléphant en peluche. À ton âge !

JACKY. - Et toi d'un ballon de foot. Le tien est encore tout neuf.

ALAIN. - Oh ! non. On ne peut plus shooter avec. Tiens, regarde.

      (Il va prendre le ballon et le montre à ses frères).

JACKY. - Il n'est pas crevé. Il n'y a qu'à le regonfler.

ALAIN. - Il n'est plus neuf. J'en veux un neuf. Après tout, toi, tu veux bien un éléphant en peluche. Comme un bébé.

JACKY. - J'en voulais un vrai. Mais Maman a dit qu'il ne pourrait pas passer par la cheminée.


GÉRARD. - Parce que tu es le plus petit, on te passe tous tes caprices. À ton âge, je n'aurais jamais osé demander un éléphant... même en peluche.

JACKY. - Alain demande bien un ballon, alors que le sien est encore neuf.

ALAIN. - Non, il n'est pas neuf, je te le dis ! Tiens, Gérard, attrape ! (Il envoie un coup de pied dans le ballon dans la direction de Gérard, mais celui-ci n'arrive pas à l'intercepter. Le ballon sort dans la coulisse dans un grand bruit de verre cassé). Oh ! Désastre !


GÉRARD. - Catastrophe !

JACKY. - Adieu, la vitre !

ALAIN, à Gérard. - Je t'avais dit de l'arrêter !


GÉRARD. - Je n'ai pas pu !

JACKY, moqueur. - Quel goal !

ALAIN. - Eh bien ! nous sommes jolis !


GÉRARD. - Heureusement que Maman est sortie.

JACKY. - Oui, mais elle va rentrer.

ALAIN. - Et Papa ?


GÉRARD. - Il est allé chercher la tante Hortense pour le réveillon.

JACKY, moqueur.  - Oui, mais il reviendra !

ALAIN, exaspéré. - Tais-toi, moucheron. (à Gérard) Quallons-nous faire ?


GÉRARDvers la coulisse.Le ballon est resté sur le balcon. Mais il a traversé la vitre. Une seule solution : aller chercher d'urgence un vitrier.

ALAIN. - Que nous paierons tous les trois avec nos tirelires.

JACKY. - Oh ! pardon, moi je n'ai rien cassé.


GÉRARD. - Moi non plus.

ALAIN. - Tu n'as pas bloqué à temps.


GÉRARD. - Bon, je veux bien participer aux frais.

JACKY. - Moi non. Je n'ai rien fait. C'est défendu de jouer au ballon dans l'appartement. Vous devriez le savoir.

ALAIN. - Oh ! joue avec tes cubes et tais-toi, tais-toi et tais-toi ! Pas de morale, moustique ! 

(On entend dans la coulisse le cri : ô vitrier !)


ALAIN, se précipitant à la fenêtre. - Oh ! un vitrier ambulant !

GÉRARD. - C'est le ciel qui nous l'envoie !

ALAIN. - Je descends l'appeler. (Il sort en courant). Vite !


GÉRARD, à Jacky. - Tu crois que Papa v bientôt rentrer ? (un silence) Tu crois que Maman s'apercevra de quelque chose ? (Silence) Mais réponds donc quand on te parle !

JACKY, très digne. - On m'a ordonné de me taire. Je me tais.

(Il joue en silence).

SCÈNE  II

Les mêmes, PIERROT



     (Alain rentre, prédédant Pierrot qui porte sur son dos un attirail de vitrier).

ALAIN. - Entre. Voilà, c'est ici.


GÉRARD, surpris. - Oh, c'est toi, Pierrot ?

JACKY. - Tu le connais ?


GÉRARD. - Bien sûr. C'est Pierrot. Le premier de la classe. Mon vieux, tu travailles maintenant ?

PIERROT, qui a posé son attirail à terre. - C'est-à-dire que mon père a eu la grippe. Il va mieux, mais le médecin ne veut pas qu'il sorte. Alors, j'ai profité des vacances de Noël pour le remplacer. Cela fait toujours un peu d'argent qui rentre à la maison. (Tout en parlant, il se penche vers la coulisse et fait semblant de remplacer la vitre).


GÉRARD, admiratif. - Tu sais placer une vitre, toi ?

PIERROT, riant. - Bien sûr. C'est facile. Papa m'a appris.

ALAIN. - Eh bien ! tu es plus malin que moi.

JACKY. - Oh ! tu sais, il n'y a pas besoin d'être bien fort pour être plus malin que toi !

ALAIN. - Jacky, tu es insupportable !

JACKY, à Pierrot. - Tu trouves que c'est malin, toi, de casser une vitre à coups de ballon ?

PIERROT, riant. - Je ne sais pas. mais ce que je sais, c'est que ton frère m'a donné du travail. Et que papa sera content si je lui rapporte un peu d'argent. Il pensait que personne n'aurait voulu me confier du travail parce que j'étais trop jeune.

JACKY. - Pourquoi est-ce qu'il lui faut de l'argent à ton papa ?

PIERROT. - Parce que sa maladie a coûté cher, parce qu'il est resté quinze jours sans travailler et parce que nous ne sommes pas riches, voilà !

JACKY. - Alors, il faudrait qu'on casse beaucoup de vitres, pour que tu en aies beaucoup à remplacer et pour que tu rapportes beaucoup de sous à la maison ?

PIERROT, riant. - Voilà ! Seulement, aujourd'hui, je n'ai pas rencontré beaucoup de footballeurs de salon ! C'est dommage !

JACKY. - Est-ce que vous faites le réveillon ce soir ?

PIERROT. - Non, bien sûr.

JACKY. - Est-ce que tu mettras tes souliers dans la cheminée ?

PIERROT. - Oui, certainement.

JACKY. - Tu as commandé de beaux jouets ?

PIERROT. - J'ai commandé une veste et une paire de chaussures.

JACKY, surpris. - Ah ?


GÉRARD. - Jacky, vas-tu cesser cet interrogatoire ?

PIERROT. - Mais non ! Laisse-le. Il est gentil comme tout, ton petit frère. Voilà, j'ai fini. (Il range ses outils).

ALAIN, soulagé. - Ouf ! Maman ne s'apercevra de rien. Viens, je vais te payer.

PIERROT. - C'est cinq-cents francs. (Alain prend un petit coffret sur un meuble et en tire un billet qu'il tend à Pierrot). Merci.

     (Note du webmestre. On pourra changer cinq-cents francs par cent euros).

JACKY. - Est-ce qu'on peut acheter beaucoup de choses avec cinq-cents francs ?

ALAIN. - Joue avec tes cubes et laisse-nous en paix.

 

SCÈNE III

Les mêmes,  LE  PÈRE,  LA  TANTE  HORTENSE

     (Le père des trois enfants entre, accompagné de la tante Hortense. C'est la vieille fille classique. Chapeau à fleurs, longue robe, parapluie, sac démodé).

LE  PÈRE. - Entrez, ma chère tante.

     (Les enfants se précipitent vers la tante et l'embrassent).


LE  PÈRE. - Maman est  rentrée  ?

GÉRARD. - Pas encore.

LA  TANTE  HORTENSE, voix aiguë. - Oh ! ces courses de la veille de Noël, c'est harassant ! harassant !

JACKY, à sa tante. Même ton que tout à l'heure. - Est-ce qu'on peut acheter beaucoup de choses avec cinq-cents francs ?

LA  TANTE. - Mais rien du tout, rien du tout, mon petit ! L'argent ne vaut plus rien de nos jours. Ah ! de mon temps, cinq-cents francs, c'était quelque chose. Mais aujourd'hui, ce n'est plus rien, plus rien, plus rien du tout.

JACKY. - Ah ! bon !

     (Pendant les répliques suivantes, il va s'éclipser sans qu'on prenne garde à lui).

LE  PÈRE. - Mais qui est ce petit garçon ? Et que signifient ces débris de verre par terre ?

GERARD, vivement. - Papa, c'est Pierrot. Tu sais, je t'en ai déjà parlé. C'est le premier de la classe. Son père est vitrier. Mais il est malade. Alors il le remplace.

LE  PÈRE. - Qui a cassé cette vitre ?

ALAIN, penaud. - C'est moi, Papa. Mais je l'ai payée, tu sais ?

GÉRARD. - Et c'est Pierrot qui l'a remplacée.

     (À ce moment, on entend le bruit d'une porte qui se referme violemment et celui d'une cascade de vitres brisées).




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