PIECES  DE  THEATRE  POUR  ENFANTS.

 
 

LA  TANTE. - Au secours ! un tremblement de terre ! Je suis morte !

     (Elle s'évanouit).

TOUS, se précipitant sur elle. - Ma tante ! Ma tante !

     (Ils lui tapent dans les mains, etc...)

LE  PÈRE. - Mais qui a fait ce vacarme infernal ?

GÉRARD. - Ma tante, réveillez-vous !

JACKY, entrant en coup de vent. - Papa ! la porte !

ALAIN. - Ma tante ! Ma tante !

JACKY, hurlant. - La porte du salon !

LE 
PÈRE. - Tante Hortense !

PIERROT. - Madame ! Madame !

JACKY, criant de plus belle. - Toutes les vitres cassées !

LE 
PÈREà la tante. - Réveillez-vous, voyons !

JACKY, hurlant. - C'est le courant d'air.

     (La tante Hortense finit par ouvrir un œil vague. Elle est décoiffée, son chapeau est de travers. Elle s'assied sur son séant).

LA  TANTE. - Où suis-je ? Que s'est-il passé ? Dites-moi tout ! Un attentat ? Un tremblement de terre ? Une avalanche ? Un raz de marée ? Ne me cachez rien !

LE
PÈRE, à Jacky. - Au fait, que s'est-il passé ?

JACKY. - Papa, c'est la porte du salon. Je suis entré. Alors un courant d'air l'a fermée. Alors toutes les vitres sont par terre.

LE
PÈRE. - Mon Dieu ! Que va dire Maman ?

     (Il sort précipitamment).

LA TANTE, les bras au ciel. - Mais c'est une maison de fous, ici !

LE
PÈRErentrant. - Une vraie catastrophe ! Et nos invités qui vont arriver. Et ma femme qui va rentrer. Elle va avoir une crise de nerfs.

JACKY, très calme. - Mais Papa, puisqu'on a un vitrier.

LA  TANTE. - Voyons, Jacky a raison. Ne vous affolez pas, mon neveu. Il ne faut jamais s'affoler. En toutes circonstances, je garde mon sang-froid.

LE
PÈREdépassé par les événements. - Un vitrier ? Oui, c'est vrai ! Va donc voir si tu peux réparer les dégâts, mon petit. Conduis-le, Jacky.

JACKY, à mi-voix, prenant la main de Pierrot. - Et puis demain, je casserai les vitres de la serre et après-demain...

PIERROT, vivement. - Mais non, mais non...
    
     (Ils sortent).

SCÈNE  IV


Les mêmes, moins PIERROT

 

LE  PÈRE. - Pourvu que ma femme ne rentre pas encore.

LA  TANTE. - Je ne comprends pas comment une porte a pu faire un tel bruit.

JACKY, entrant. - Mais, ma tante, puisque c'est le courant d'air !

LE 
PÈRE. - Viens un peu ici, toi ! Il me semble que tu l'as un peu aidé, le courant d'air, non ?

JACKY. - Le papa de Pierrot a été malade. Alors, il leur faut des sous. Et avec cinq-cents francs, on ne peut rien acheter, rien du tout. C'est la tante qui l'a dit. Et puis ils ne font pas de réveillon et demain il n'aura pas de jouets. Mais, pour la porte, je t'assure que c'est le courant d'air.

LE 
PÈRE. - Tout cela est un peu bizarre. Nous le tirerons au clair un peu plus tard.

LA  TANTE, soupçonneuse. - Oh ! moi, j'ai déjà compris. C'est ce garçon, n'est-ce pas, qui t'a dit de casser les vitres du salon ?

JACKY, indigné. - Oh ! non, ma tante. C'est moi qui ai eu l'idée tout seul !

     (Silence consterné de Jacky qui s'est trahi sans le vouloir).

LE  PÈRE, sévère. - Je m'en doutais. Jacky, tu es un vilain petit garçon. Tu n'auras rien demain dans tes souliers.

JACKY, avec une moue pitoyable. - Mais, Papa, il av ait besoin d'argent.

LE 
PÈRE. - Tu n'as pas pensé que nous aurions pu lui en donner de l'argent sans casser des vitres pour cela ?

ALAIN. - Il ne l'aurait pas accepté pour rien. Il est trop fier.

GÉRARD. - Écoute, Papa, il faut pardonner à Jacky. Bien sûr, il est étourdi, il ne réfléchit pas avant d'agir. Mais c'est le meilleur de nous tous. Pardonne-lui.

ALAIN. - Oui, Papa, c'est un incorrigible taquin, mais il faut lui pardonner.

JACKY. - Écoute, Papa. Je paierai les vitres du salon avec ma tirelire.

ALAIN. - Décidément, les tirelires en prennent un coup, ce soir.

LE 
PÈRE. - Non, Jacky. Car tu n'aurais sans doute pas assez d'argent. Je veux bien te pardonner et payer la casse. Mais une autre fois, réfléchis avant d'agir.

JACKY. - Oui, Papa. C'est promis. Demain, je ne casserai pas les vitres de la serre.


LE 
PÈRE, effaré. - Mais, petit malheureux ! Il ne manquerait plus que cela !

JACKY, riant. - J'ai dit ça pour rire, tu sais !

LA  TANTE. - Cet enfant a des idées extravagantes mais il n'a pas un mauvais fond. J'intercéderai auprès du Père Noël pour qu'il lui apporte quand même ses étrennes.

JACKY. - Oh ! Oui, ma tante ! Et je donnerai mon éléphant en peluche à Pierrot puisqu'il n'aura pas de jouets.

LE 
PÈRE. - Je crois que tu ferais mieux de lui donner ta boîte de peinture.

JACKY. - Alors, tant mieux. Je garderai mon petit éléphant pour moi.

GERARD. - Tu sais, Papa, je pense que mon coffret de modèles réduits lui ferait aussi plaisir.

ALAIN. - Ainsi que mon nouveau ballon. Car, après tout, le vieux peut encore servir.

JACKY, moqueur. - Je comprends !

LE  
PÈRE. - Eh bien ! nous lui enverrons tout cela demain matin. Ainsi qu'un bon panier de provisions pour ses parents.

LA  TANTE. - Puisque vous faites assaut de générosité, je ne veux pas me montrer égoïste. Je vous invite tous les trois avec Pierrot à goûter chez moi pour le Jour de l'An. Et vous aurez tous vos étrennes !

 

SCÈNE  V

Les mêmes, PIERROT

PIERROT, entrant. - Voilà, j'ai fini.

LE 
PÈREravi. - Déjà ?

PIERROT. - Je me suis dépêché pour avoir fini avant le retour de votre femme.

LE  
PÈRE. - C'est parfait. Combien te dois-je ?

PIERROT. - Papa vous fera la note. Ces vitres-là sont plus chères que les vitres des fenêtres. Je dirai à Papa de vous faire un prix, vous savez.

LE 
PÈRE. - Eh bien ! c'est entendu. J'irai chez vous demain matin. Et j'aimerais que tu viennes goûter de temps temps avec mes enfants. Ils seraient ravis. Et tu les empêcherais certainement de faire des sottises.

PIERROT. - Oh ! je veux bien.

JACKY. - Je te prêterai mon éléphant.

LA  TANTE. - Mon petit, j'invite mes neveux pour le Jour de l'An et je serais heureuse que tu viennes avec eux.

PIERROT. - Mais, Madame, je n'ose pas !

LA  TANTE. - Oui, oui ! Tu les empêcherais de casser les vitres.

GÉRARD, riant. Ou, au besoin, il les remplacera !

ALAIN. - Car il est toujours intéressant de compter un vitrier parmi ses amis.

     (Ils se placent tous en demi-cercle et chantent, pendant que tombe le rideau, la ritournelle bien connue :)

TOUS, chantant :
            Encore un carreau de cassé
                 V'là le vitrier qui passe.

            Encore un carreau de cassé
                 V'là le vitrier passé.

(RIDEAU)

 

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