PIECES  DE  THEATRE  POUR  ENFANTS.

 
 

  LE CHEVALIER DU LAPIN ROUGE

pièce de théâtre pour enfants

par Ann Rocard


PERSONNAGES :

Chevalier du Lapin Rouge,
Pierrot le Dur,
Polo le Costaud,
Jeannot le Fou,
Comtesse d'Artichaud,
Ann,
Marie.

ACCESSOIRES :
un masque de lapin,
4 épées,
une table et deux chaises,
un plat avec un asticoberlingot,
un plat avec des carottes.

DÉCORS :
Des décors amovibles permettront de suggérer un extérieur et un intérieur.

*****

 

     (C'est la nuit. Trois silhouettes enveloppées dans leur cape traversent la scène sur la pointe des pieds).

Pierrot le Dur : Cachons-nous là.

Polo le Costaud : Pour l'instant, il n'y a personne.

Jeannot le Fou : Personne, ça c'est sûr, par mon pot de confiture !

Pierrot le Dur : Oui, mais le Chevalier du Lapin-Rouge ne va pas tarder à arriver...

Polo le Costaud : Nous lui sauterons dessus, nous l'attacherons...

Jeannot le Fou : Comme un saucisson ! Même comme six-cent-six saucissons ! Puis nous le mangerons ! Berk, ce n'est pas bon !

Pierrot le Dur : Jeannot le Fou, tais-toi !

Jeannot le Fou : Oui, Pierrot le Dur, par mon pot de confiture !

Polo le Costaud : Jeannot le Fou, tais-toi !

Jeannot le Fou : Oui oui, Polo le Costaud, par ma compote d'abricots !

     (Des pas résonnent dans la nuit).

Pierrot le Dur : Le voilà !

Polo le Costaud : C'est le Chevalier du Lapin-Rouge !

Jeannot le Fou : Ça c'est sûr, par mon pot de confiture !

     (Les trois affreux se cachent. Le Chevalier du Lapin Rouge arrive en marchant à grands pas. Il porte sur son visage un masque de lapin peint en rouge).

Le Chevalier : J'ai l'impression qu'il y a quelqu'un ici...

Jeannot le Fou : Non non non...

Pierrot le Dur : (chuchote) Vas-tu te taire, imbécile !?

Jeannot le Fou : Oui oui oui...

Le Chevalier : J'ai l'impression d'avoir entendu des voix...

Jeannot le Fou : Non non non...

Polo le Costaud : Tais-toi donc, cornichon !

Jeannot le Fou : Oui oui oui...

Le Chevalier : (sort son épée) Je n'ai pas rêvé ! Sortez de vos cachettes, brigands !


Pierrot le Dur : (se montre, l'épée à la main) Ta dernière heure est venue, Chevalier du Lapin-Rouge !

Polo le Costaud : Rends-toi, tu n'as aucune chance !

Jeannot le Fou : Ça c'est sûr, par mon pot de confiture !

Le Chevalier : En garde, brigands de malheur !

     (Le combat commence. L'épée de Pierrot le Dur tombe par terre. Polo le Costaud reçoit un coup au derrière. Jeannot le Fou se met à courir autour de la scène en criant, poursuivi par le Chevalier du Lapin-Rouge).

Jeannot le Fou : Ce n'est pas de ma faute ! Ce n'est pas de ma faute !

Le Chevalier : Qui vous a ordonné de me tuer ?

Pierrot le Dur : Vas-tu te taire, cornichon ?

Polo le Costaud : Tais-toi donc, cornichon !

Jeannot le Fou : Ce n'est pas de ma faute ! C'est la faute de la Comtesse d'Artichaud...

Le Chevalier : La Comtesse d'Artichaud ?

     (Le Chevalier du Lapin-Rouge met en fuite les trois affreux. Il reste seul sur scène. Il se frotte les mains et met les poings sur les hanches).

Le Chevalier : (réfléchit) Et voilà qui est fait ! C'est la Comtesse d'Artichaud qui veut se débarrasser de moi ? Elle n'habite pas loin d'ici... Je vais aller l'espionner un peu.

     (Le Chevalier s'éloigne. Éclairer l'autre côté de la scène où se trouvent la Comtesse d'Artichaud et deux servantes : Ann et Marie).

La Comtesse : Ann ! Marie !

Marie : Madame la Comtesse ?

Ann : Vous nous avez appelées, madame la Comtesse ?

La Comtesse : Oui. La bande à Pierrot le Dur est-elle revenue ?

Marie : Pas encore, madame la Comtesse.

Ann : Je crois que je les entends.

     (Pierrot le Dur arrive avec un bandage sur la tête, Polo le Costaud avec une canne et en boitant, Jeannot le Fou sans blessure. Albert et Marie restent un peu à l'écart).

Pierrot le Dur : Salut, Comtesse !

Polo le Costaud : Ça va, Comtesse ?

La Comtesse : Appelez-moi madame la Comtesse !

Jeannot le Fou : Bonjour, madame la Comtesse d'Artifroid.

La Comtesse : D'artichaud !

Jeannot le Fou : Madame la Comtesse d'Artichaud, par ma confiture d'abricots.

La Comtesse : (haussant les épaules) Il est toujours aussi fou, celui-là. Alors, vous m'avez débarrassée du Chevalier du Lapin-Rouge ?

Ann : (chuchote) Quoi ? Elle veut se débarrasser du Chevalier du Lapin-Rouge, le défenseur des malheureux ?

     (Pierrot le Dur se met à faire les cent pas, suivi de Polo le Costaud et de Jeannot le Fou).

Pierrot le Dur : Le combat a été dur...

Polo le Costaud : Très très dur...

Jeannot le Fou : Très très très dur, par mon pot de confiture !

Pierrot le Dur : Le Chevalier du Lapin-Rouge se trouvait avec dix autres chevaliers...

Polo le Costaud : Cinquante autres chevaliers...

Jeannot le Fou : Cent autres chevaliers, olé olé !

Pierrot le Dur : Nous l'avons quand même attaqué courageusement...

Polo le Costaud : Très courageusement...

Jeannot le Fou : Ça c'est sûr, par mon pot de confiture !

     (Les trois affreux font semblant de se battre à l'épée).

Pierrot le Dur : Un coup d'épée par-là !

Polo le Costaud : Un coup d'épée par-ci !

Jeannot le Fou : Un coup-coup de pé-pé par-ci par-là !

La Comtesse : Et vous avez tué le Chevalier du Lapin-Rouge ?

Ann et Marie : (désolées) Il est mort ?

     (Les trois affreux ne bougent plus et regardent le bout de leurs chaussures).

Pierrot le Dur : Ils étaient trop nombreux pour nous.

Polo le Costaud : Beaucoup trop nombreux...

Jeannot le Fou : Ça, c'est vrai, Comtesse d'Artifroid !

Marie et Ann(soupirent) Ah bon, le Chevalier n'est pas mort.

     (La Comtesse, furieuse, tape du pied par terre).

La Comtesse : Alors, vous ne savez toujours pas qui se cache derrière le masque du Lapin-Rouge ?

Jeannot le Fou : Non non non...

La Comtesse : Vous ne savez pas qui libère tous ceux que je mets en prison ?

Jeannot le Fou : Non non non...

La Comtesse : Vous ne savez pas qui rend aux paysans l'argent que je leur emprunte ?

Jeannot le Fou : L'argent que vous leur volez ?

La Comtesse : Voleuse, moi ? Tu me traites de voleuses ?!

Jeannot le Fou : Non non non...

La Comtesse : Dehors ! Sortez d'ici immédiatement !

     (Pierrot le Dur sort, suivi de Polo le Costaud et de Jeannot le Fou).

La Comtesse : Je n'arriverai donc jamais à me débarrasser de ce Chevalier de malheur ?

Ann et Marie : (chuchotent) Heureusement !

La Comtesse : Que mangent les lapins ?

Ann : Les lapins ?

La Comtesse : Tu es sourde ou quoi ? Que mangent les lapins ?

Marie : Des carottes.

     (La Comtesse se frotte les mains).

La Comtesse : Hé hé hé, je vais lui préparer des carottes à ma façon.

     (La Comtesse quitte la scène).

Albert : Tu sais qui est le Chevalier du Lapin-Rouge ?

Marie : Je ne sais qu'une chose : c'est qu'il défend les faibles et les malheureux, et je ne veux pas qu'on lui fasse du mal.

Albert : Je me demande bien ce que la Comtesse va faire.

Marie : Encore une méchanceté ! Il vaut mieux la suivre.

     (Albert et Marie suivent de loin la Comtesse d'Artichaut. Peu après, le Chevalier du Lapin-Rouge arrive sur la pointe des pieds).

Le Chevalier : C'est là qu'habite la Comtesse d'Artichaud... Je ne vais quand même pas sonner à la porte.

     (Le Chevalier observe les fenêtres).

Le Chevalier : Je vais plutôt passer par cette fenêtre là.

     (Le Chevalier enjambe la fenêtre. Il y a une table, deux chaises. Le couvert est mis pour deux personnes. La Comtesse d'Artichaud entre dans la pièce).

La Comtesse : Cher Chevalier, je vous attendais !

Le Chevalier : Vous m'attendiez, Comtesse d'Artichaud ?

La Comtesse : Oui, Chevalier, j'ai quelque chose à vous proposer.

Le Chevalier(l'air moqueur) Ah bon ?

La Comtesse : Asseyez-vous ! Nous allons discuter en dînant.

     (Le Chevalier et la Comtesse s’assoient chacun à un bout de la table).

La Comtesse : J'espère que vous avez faim.

Le Chevalier : Non, pas du tout !

La Comtesse : Vous ferez un petit effort pour me faire plaisir.

Le Chevalier : Vous faire plaisir ? Laissez-moi rire !

La Comtesse : (La Comtesse frappe une fois dans ses mains. Ann apparaît). Apportez le léopard farci à l'asticoberlingot.

Ann : Oui madame la Comtesse.

La Comtesse : Cher Chevalier, je voulais donc vous proposer de faire la paix.

Le Chevalier : Vous allez arrêter de jeter les innocents en prison ?

La Comtesse : Oui, mon cher Chevalier.




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