PIECES  DE  THEATRE  POUR  ENFANTS.

 
 
PLIC, s’avançant. — Pardonne-moi, Fanchon, de t’avoir pris pour une voleuse. Si tu m’avais dit ton nom, je t’aurais tout de suite reconnue. Mais j’irai punir ta méchante tante. Quand elle dormira, j’irai lui tirer les cheveux et lui chatouiller les pieds.

PLOC. — Et moi, je soufflerai sa chandelle dans l’escalier quand elle ira se coucher et elle se cassera le nez dans l’obscurité.

3ème LUTIN. — Et moi, je mettrai des aiguilles de pin dans son bon matelas de laine. Ça lui apprendra à te faire coucher dans la paille.

4ème LUTIN. — Et moi, je prendrai les draps qu’elle empile précieusement dans l’armoire, et je ferai le fantôme pour lui faire peur, puisqu’elle craint de les user.

5ème LUTIN. — Moi, je mettrai du sel dans son sucrier.

6ème LUTIN. — Et moi, du poivre dans son tabac à priser.

PLIC. — Et nous irons dans sa cave prendre toutes ses belles pièces d’or et nous les jetterons dans la rivière pour faire des ricochets !

Tous LES LUTINS, avec enthousiasme. — Bravo ! Bravo ! Malheur à la méchante femme !

FANCHON, suppliante. — Oh ! Je vous en prie, petits lutins, ne lui faites pas de mal.

LA FÉE, sévère. — Il ne lui sera pas fait de mal, mais elle sera punie comme elle le mérite.

LE PÈRE NOËL. — Et moi, je propose de récompenser Fanchon qui est une petite fille obéissante et bonne. Va, Fanchon, va et choisis sur cet arbre de Noël le jouet que tu préfères. Il sera pour toi.

FANCHON, confuse. — Je n’ose pas !

LA FÉE, souriant. — Va, Plic. Et décroche-lui cette poupée en robe rose. Je sais bien que c’est cela que tu choisirais, n’est-il pas vrai, Fanchon ? Je sais que tu la désirais fort mais tu as été assez honnête pour ne pas la toucher. Est-ce vrai ?

FANCHON. — Oh ! Madame la Fée, qui vous l’a dit ?

Tous LES LUTINS, même jeu que plus haut. — La Fée du Bois Enchanté connaît tout, tout, tout !

     (Plic a décroché la poupée qu’il a donnée à Fanchon).

FANCHON, ravie. — Oh ! ma petite Pâquerette ! (Elle l’embrasse).

PLOC. — Et maintenant, puisque Fanchon a fait notre conquête à tous, je propose qu’elle assiste à la petite fête que nous donnons chaque année en l’honneur du Père Noël et de notre Princesse à qui nous offrons tous nos présents de Noël.

Tous LES LUTINS, ensemble. — Bravo, bravo. Vive Fanchon !

     (Ils disparaissent dans les coulisses, cinq par la droite, cinq par la gauche. Fanchon s’assied par terre, aux pieds de la Fée et du Père Noël.
Les lutins reparaissent en deux files. Dans chaque file, le premier lutin porte une touffe de gui suspendue à son bras par un ruban, le deuxième une touffe de houx, le troisième un panier d’oranges fixé sur son dos. le quatrième une petite bûche enrubannée, le cinquième un panier blanc plein de neige. Ils se placent en demi-cercle, les uns à droite, les autres à gauche du groupe central).


Tous LES LUTINS, chantant. — Air : Chanson de la Mariée.
Nous sommes venus vous voir
O Madame la Fée
Pour vous souhaiter ce soir
Bon Noël, Bonne Année
Ainsi qu’au Père Noël
Qui vient tout droit du ciel.
     (Ils se prennent les mains et font une ronde qui tourne autour du groupe).

Bon Noël ! Bonne Année !
À notre belle Fée.
Bonne Année ! Bon Noël !
Au vieux Père Noël.
      (Ils s’arrêtent et se replacent comme au début. Les deux lutins porteurs de gui se détachent, l'un à droite, l’autre à gauche et viennent s’incliner devant la Fée et le Père Noël).

LES LUTINS AU GUI, chantant.
Voici un beau bouquet
de gui aux boules blanches.
Nous l’avons récolté
Sur les plus hautes branches.

Mettez-le sur vos cœurs
Pour vous porter bonheur.
     (Ils remettent les bouquets l'un à la Fée, l'autre au Père Noël et retournent à leur place).

Tous LES LUTINS, se prenant la main et faisant la ronde.
Bon Noël ! Bonne Année !
À notre belle Fée ;
Bonne Année ! Bon Noël !
Au vieux Père Noël.

LES LUTINS AU HOUX, même jeu que les précédents. Chantant.
Prenez, prenez ce houx
À la feuille lustrée
Il a fleuri pour vous
Dans la forêt glacée.

Malgré le rude hiver
Il reste toujours vert.
     (Même jeu que plus haut).

Tous LES LUTINS, faisant la ronde.
Bon Noël ! Bonne Année !
À notre belle Fée ;
Bonne Année ! Bon Noël !
Au vieux Père Noël.

Les LUTINS AUX ORANGES, même jeu que plus haut.
Nous nous sommes enfuis
Sur l’aile d’un nuage
Et nous avons cueilli
Ces brillantes oranges

Dans un jardin vermeil
Au pays du soleil.
     (Même jeu que plus haut).

Tous LES LUTINS, faisant la ronde.
Bon Noël ! Bonne Année !
À notre belle Fée ;
Bonne Année ! Bon Noël !
Au vieux Père Noël.

LES LUTINS AUX BÛCHES, même jeu.
Nous avons empoigné
Nos haches aiguisées
Et nous avons coupé
Malgré la rude onglée

Et fendu sous le gel
La bûche de Noël.
     (Même jeu que plus haut).

Tous LES LUTINS, faisant la ronde.
Bon Noël ! Bonne Année !
À notre belle Fée ;
Bonne Année ! Bon Noël !
Au vieux Père Noël.

LES LUTINS À LA NEIGE, même jeu que les précédents.
Quand la neige est passée
Ce soir sur la vallée
Nous avons ramassé
Quelques fleurs étoilées

Voici les flocons blancs
En dentelle d'argent.

     (Ils jettent leurs flocons sur le groupe).

Tous LES LUTINS, faisant la ronde.
Bon Noël ! Bonne Année !
À notre belle Fée ;
Bonne Année ! Bon Noël !
Au vieux Père Noël.
     (Ils saluent tous ensemble).

LE PÈRE NOËL. — Bravo ! petits lutins, vous avez très bien chanté.

LA FÉE. — Et nous vous remercions de vos jolis présents.

LE PÈRE NOËL. — Et maintenant, au travail, petits lutins. Apportez-moi mon courrier que je voie un peu ce que me demandent tous ces petits enfants, car il est bientôt l'heure de commencer ma tournée dans les cheminées.
     (Ploc sort et revient les bras chargés d'une pile de lettres qu'il pose aux pieds du Père Noël).

PLOC. — Voici les lettres.

LE PÈRE NOËL, ajustant ses lunettes. — Voyons ! (Il en prend une, la décachette et la lit). (Lisant). « Cher Père Noël. J'ai été très sage. Apportez-moi un grand cheval de bois. Ma petite sœur a été très vilaine, ne lui apportez rien du tout. Riri. » (Parlé). Ah ! Ah ! Monsieur Riri, c'est vous qui êtes un vilain. Votre petite sœur aura un beau cadeau et c'est vous qui n'aurez rien pour vous apprendre à être charitable.

LES LUTINS, sautant et gambadant. — Bravo, bravo !

LE PÈRE NOËL, prenant une deuxième lettre et la lisant. — « Bon Père Noël, je n'ai pas été très gentil cette année, mais je ne le ferai plus. Je serai très obéissant à l'avenir. Si vous trouvez que je n'ai pas été trop, trop méchant, apportez-moi quand même un petit sac de billes. Je vous embrasse bien. Pierrot » (Parlé). Voilà un petit garçon qui reconnaît ses défauts, ce qui est bien, et qui promet de s'en corriger, ce qui est mieux. (Aux lutins). Vous lui préparerez son sac de billes et aussi un gros ballon pour le récompenser de ses bonnes résolutions.

LES LUTINS, même jeu que plus haut. — Bravo, bravo !

LE PÈRE NOËL, lisant une troisième lettre. — « Père Noël, apportez de bons souliers pour mon petit frère et un châle pour maman car nous sommes trop pauvres pour les acheter. Je vous remercie beaucoup. Lucile. » (Parlé). Tu auras ce que tu demandes, petite Lucile qui t'oublies pour penser aux autres. Et j'y joindrai une bonne robe chaude pour toi.

PLIC. — Et des bonbons !

PLOC. — Et une poupée !

3ème LUTIN. — Et un cheval pour le petit frère !

LE PÈRE NOËL, lisant une quatrième lettre. — « Mon bon Père Noël, c'est un brave bûcheron et sa femme qui vous écrivent. Depuis longtemps, nous désirons une petite fille pour l'aimer et la choyer, mais nous n'en avons pas ! Apportez-nous en une, bon Père Noël. Nous la soignerons comme notre enfant et elle sera très heureuse dans notre petite maison du bois ». (Il se tire la barbe d'un air perplexe. Parlé). Une petite fille ?... une petit fille. (Il regarde l'arbre de Noël). Ça ne pousse pas sur les arbres de Noël, les petites filles. Où en trouver une pour contenter ces braves bûcherons ?

LA FÉE, riant. — Mais il me semble, Père Noël, qu'au lieu de regarder en l'air si vous regardiez à vos pieds, vous trouveriez peut-être ce que vous cherchez.

LE PÈRE NOËL, se frappant le front. — Fanchon ! Mais c'est vrai ! Où avais-je la tête ! Décidément, ma vue baisse et mes lunettes ne me suffisent plus.

LA FÉE. — Consentirais-tu, Fanchon, à apporter le bonheur dans le foyer de ces braves gens ?

FANCHON, joignant les mains. — Oh ! Madame, il y a si longtemps que je désire un papa et une maman.

LE PÈRE NOËL. — Eh ! Bien, c'est dit, Fanchon, je t'emmène. (Ils se lèvent tous trois). Et maintenant, petits lutins, à l'ouvrage. (Montrant les sapins). Décrochez-moi tous ces jouets et emplissez-en mon traîneau pour que je commence ma ronde. Puis, empoignez vos haches, coupez-moi tous ces arbres de Noël et allez les porter dans toutes les maisons de la terre, partout où il y aura des petits enfants.


 



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