L'ARBRE ENCHANTÉ

Féerie musicale de Raymond RICHARD
sur des airs populaires.

PERSONNAGES :

LA MÈRE
LA GRAND-MÈRE
LES SOLDATS DE PLOMB
LES POUPÉES
LES PETITS SANTONS
LE PÈRE NOËL
LES GUIRLANDES
LES ROSES EN PAPIER
L’ÉTOILE DE NOËL
LES QUILLES

DÉCOR : Un intérieur quelconque. À gauche, un merveilleux sapin de Noël derrière lequel une ouverture, invisible du public, permet le passage des personnages.

     Au lever du rideau, la Mère et la Grand mère mettent la dernière main à la décoration de l'arbre. La Mère, debout sur une chaise, suspend la dernière guirlande. La Grand mère, en bas, la regarde.
 

SCÈNE I.

LA MÈRE, LA GRAND-MÈRE.

LA MÈRE.
Voilà ! notre travail est enfin terminé !
Nous allons maintenant, pouvoir juger l'ensemble,
Allumez, voulez-vous grand-mère, illuminez !
Le contact est en bas, sous l'étoile qui tremble.
     (La Grand-mère cherche l’interrupteur).
Vous y êtes ! Tournez !
     (Les lampes du sapin s'allument).
                                     Parfait !

LA GRAND-MÈRE, joignant les mains.
                                                     C’est merveilleux !
Ah ! nos deux tout-petits vont en ouvrir des yeux
En découvrant demain cet arbre de légende !

LA MÈRE, qui est descendue de son perchoir.
Que de cris, que de joie en voyant ces guirlandes,
Ces étoiles d'argent, ces joujoux de carton !

LA GRAND-MÈRE.
Ces roses de papier et ces petits santons !

LA MÈRE.
Mais assez bavardé ! Il est l'heure, grand-mère,
D’aller nous reposer. Éteignons ces lumières !
     (Elle éteint les lampes de l'arbre).

LA GRAND-MÈRE.
Sortons à pas de loup pour ne pas éveiller
Nos gentils chérubins qui doivent sommeiller !
     (Elles sortent à droite, marchant sur la pointe des pieds. La scène est baignée d'une douce lumière bleue. On entend chuchoter derrière le sapin).
 

SCÈNE II.

LES JOUETS.

UNE VOIX.
Elle est partie ?

UNE AUTRE VOIX.
Oui, oui !

     (Un soldat de plomb émerge de l'arbre).

PREMIER SOLDAT DE PLOMB.
Il n'y a plus personne !
     (Minuit sonne au loin. Un second soldat de plomb sort de l'arbre).

DEUXIÈME SOLDAT DE PLOMB.
Au clocher du village, écoutez, minuit sonne !
       (Il fait signe aux autres jouets cachés dans le sapin).
Vous pouvez, désormais, quitter votre perchoir !
     (Le troisième soldat de plomb paraît).

TROISIÈME SOLDAT DE PLOMB.
Tout dort... ! Nous voilà seuls ! (Il fait signe aux poupées).
Venez !...
     (Entrée de la la poupée, aussitôt suivie de deux autres).

PREMIÈRE POUPÉE, craintive.
                   Oh ! qu'il fait noir !... Si j’allumai !...

LES TROIS SOLDATS DE PLOMB, ensemble.
Non, non ! Surtout, pas d'imprudence !

PREMIER SOLDAT DE PLOMB.
Sautez, riez, chantez ! Faites même une danse
Si vous voulez vous dégourdir un peu ! Mais pas de bruit !
Pour clarté, ce rayon de lune nous suffit !

DEUXIÈME SOLDAT DE PLOMB.
Mais, afin d'éviter désordre et bousculade,
Vous danserez par trois, pas plus, bien sagement !
Nous allons, maintenant, donner la sérénade.
Qui commence ?

LES TROIS POUPÉES, ensemble.
Nous ! Nous !

TROISIÈME SOLDAT DE PLOMB.
                         Attendez un moment !
Il manque les santons et ces dames les quilles !
     (Les trois santons émergent du sapin).

LES TROIS SANTONS, ensemble.
Coucou ! nous arrivons !

PREMIER SANTONS.
                                       De maudites aiguilles
Nous retenaient, là-haut, par notre pantalon !
     (Entrée des trois quilles).

LES TROIS QUILLES, ensemble.
Enfin, nous avons pu desserrer le cordon
Qui nous liait en botte ainsi que des asperges.

PREMIER SOLDAT DE PLOMB.
Tous les joujoux sont là ?

PREMIÈRE QUILLE.
                                         Seul un paquet de verges,
Cadeau du vieux Noël à quelque polisson,
Est demeuré dans l’arbre.

DEUXIÈME SOLDAT DE PLOMB.
                                        Alors, nous commençons !
Nous prions galamment nos mignonnes poupées
De bien vouloir ouvrir le bal et le concert
Je frappe les trois coups du plat de mon épée
Un, deux, trois ! Allez-y de votre petit air !

     (Les trois poupées sortent du demi-cercle formé par les jouets et se placent à l'avant-scène pour chanter).
     Air : « Il était une bergère »

Nous sommes les poupées
Et ri et ron petit patapon !
Nous sommes les poupées
Dont rêvent les poupons
Ronron !
Dont rêvent les poupons.

Nous avons des joues roses
Et ri et ron petit patapon !
Nous avons des joues roses
Et de beaux cheveux blonds
Ronron !
Et de beaux cheveux blonds.

Nous avons des menottes
Et ri et ron petit patapon !
Nous avons des menottes
Et des pieds de carton
Ronron !
Et des pieds de carton.

Dans les bras des fillettes
Et ri et ron petit patapon !
Dans les bras des fillettes
Demain, nous dormirons
Ronron !
Demain, nous dormirons.

     (Elles regagnent le fond de la scène tandis que les trois quilles, se prenant par la main, font une ronde).

TOUS, chantant.
     Air : « Sur le pont d'Avignon »

Au milieu du salon,
Les trois quilles, les trois quilles,
Au milieu du salon,
À leur tour, dansent en rond.

LES TROIS QUILLES, ensemble.
     Air : « Au clair de la Lune »

Au clair de la lune,
Nous voulons chanter,
Malgré l'infortune
Qui vient nous guetter.
Sous les coups de boules,
Nous allons demain,
Affronter la foule ,
De méchants gamins.

     (Les trois quilles reprennent leur place au fond tandis que les trois soldats de plomb, marchant au pas, font en chantant le tour de la scène).

LES TROIS SOLDATS DE PLOMB, chantant.
     Air : « Malbrough s'en va-t-en guerre »

Quand on est militaire,
Mironton, mironton, mirontaine !
Quand on est militaire,
On ne craint pas les coups (bis)

Tant pis si dans la guerre,
Mironton, mironton, mirontaine !
Tant pis si dans la guerre,
On nous coupe le cou. (bis)

D’un cœur plein de courage,
Mironton, mironton, mirontaine !
D’un cœur plein de courage,
Nous chanterons Noël ! (bis)

     (Les trois soldats reprennent leur place au fond et les trois petits santons s'alignent à l’avant-scène).

LES TROIS PETITS SANTONS, ensemble.
     Air : « Savez-vous planter les choux ? »

Voici les petits Santons
De Provence, de Provence !
Voici les petits Santons
Au visage de carton.

     Air : « Jean de la Lune »

Nous avons quitté nos oliviers,
Nos moutons blancs pour aller à pieds
Jusqu’à l'étable où l'enfant sourit
Dans son petit lit
Baigné de lune ! (bis)

     (Ils reprennent leur place au fond et tous les personnages en scène chantent).

TOUS, chantant.
     Air : « Il est né le divin Enfant »

Saluons le petit Enfant !
Et mêlons nos voix à celles des Mages !
Saluons le petit Enfant !
Et fêtons son avènement !