PIECES DE THEATRE POUR ENFANTS.
NOTRE MÈRE À TOUS
Saynète en un acte pour trois garçons d'Yves BREHA.
PERSONNAGES :
PIERRE (15 ans)
FRANÇOIS (12 ans)
NICOLAS (l0 ans)
(La scène se passe sur une place ou dans un square public. Au lever du rideau, François et Nicolas jouent à la marelle).
NICOLAS : Tu as vu que je l'ai mise à côté du « ciel » hein ! ma palette... Elle est juste au milieu... T'en ferais pas autant...
FRANÇOIS : (vexé) Avec ça... J' suis pas plus « gourde » que toi, va... Mais, ce que je vois, c'est que t'as fait craquer ta culotte... et que ta mère va te gronder ce soir.
NICOLAS : Non, elle ne me grondera pas.
FRANÇOIS : Ah ! si, alors...
NICOLAS : Non, que j' te dis...
FRANÇOIS : Ah ! tout de même, c'est rare qu'une maman ne dise rien quand on déchire ses habits.
NICOLAS : J'en ai pas.
FRANÇOIS : T'as pas d'habits ... (le touchant) Et ça, alors, qu'est-ce que c'est ?
NICOLAS : C'est pas des habits que j' parle, c'est d' la maman.
FRANÇOIS : Et bien ?
NICOLAS : (à voix basse) J'en ai pas.
FRANÇOIS : (suffoqué) T'en as pas ? T'as pas de maman ?
NICOLAS : (sombre) Non !...
FRANÇOIS : Mais, tous les enfants en ont.
NICOLAS : Pas moi.
FRANÇOIS : (n'en revenant pas) Ah ! mince alors !... J'ai jamais vu ça.
NICOLAS : T'en as une, toi ?
FRANÇOIS : (fièrement) J' te crois... et une belle... et gentille... et bonne... Elle m'apporte mon café au lait dans le lit tous les dimanches, avec du pain beurré. Elle me donne mon goûter, raccommode toutes mes affaires, fait le déjeuner, le dîner... me soigne quand je suis malade. Le soir, elle vient me border dans mon lit, m'embrasser et même, souvent, elle me raconte une jolie histoire pour m'endormir.
NICOLAS : T'en as, toi, d' la veine.
FRANÇOIS : Alors, toi, qui est-ce qui te fait tout ça ?
NICOLAS : (tristement) Personne... j' suis d' l'Assistance.
FRANÇOIS : (qui ne comprend pas) Alors ?
NICOLAS : J'ai pas de mère. L'Assistance, c'est des Messieurs et des Dames qui m'ont gardé avec beaucoup d'autres, jusqu'à l'année dernière, où l'on m'a placé chez le fermier du Rondchamp. La femme du fermier est morte il y a un mois. J' suis seul avec lui.
FRANCOIS : (apercevant Pierre qui passe au fond) Tiens ! V'là Pierre... (appelant) Eh ! Pierre... viens donc jouer avec nous, mon vieux !
PIERRE : (s'approchant, un carton à dessin sous le bras) J'ai pas le temps... j'ai cours de dessin à dix heures. (Il fait mine de s'en aller).
NICOLAS : (le retenant par un bras) Écoute, t'en vas pas... Tu sais pas ce qu'il me disait, Nicolas ?
PIERRE : Non !
FRANÇOIS : Ça l'intéresse pas, va.
NICOLAS : Si... Tu sais pas, il dit qu'il n'a pas de mère... C'est pas vrai, hein ? Tout le monde en a une... T'en as une, dis, pas vrai ?
PIERRE : (sérieux) J'en ai deux.
FRANÇOIS : Tu te fiches de nous !
NICOLAS : Je te l'avais dit... Laisse-le tranquille.
PIERRE : Oui... J'ai deux mères, et toi aussi.
FRANÇOIS : (vivement) Menteur !
PIERRE : Et Nicolas en a une.
NICOLAS : (fâché) Je l' sais mieux que toi, tout de même que j'ai pas de mère, puisque je suis de l'Assistance.
PIERRE : (calmement) Je le sais depuis longtemps... mais t'en as une quand même. Oh ! Elle n'est pas comme celle de François ni comme la mienne, mais elle existe tout de même.
NICOLAS : (intrigué) Ah ! Par exemple, je voudrais bien savoir comment elle est, puisque je ne l'ai jamais vue.
FRANÇOIS : (haussant les épaules) Il invente ça... pardi !
PIERRE : Non. Elle est très grande, très âgée, elle a beaucoup d'enfants, des jeunes, des vieux, des gentils, des pas gentils aussi, mais elle les aime tous.
FRANÇOIS : Comment fait-elle pour donner à manger à tous ces enfants-là ?
NICOLAS : (admiratif) Ça doit en coûter des sous !
PIERRE : Elle est très riche, elle a de grands champs couverts de blé, de pommes de terre, de troupeaux ; elle a des usines où l'on fabrique de tout... Elle est très bonne pour tous ses enfants.
FRANÇOIS : Mais elle ne m'a jamais rien donné, à moi, cette maman-là.
NICOLAS : À moi non plus. Et comment qu'elle est habillée, dis un peu pour voir.
PIERRE : Avec une belle robe bleue, blanche et rouge.
NICOLAS : Comme le Drapeau, alors ?
PIERRE : Oui, comme le drapeau. Et cette belle robe, ses enfants doivent la protéger pour que personne ne la salisse. Cette maman-là, qui est si bonne, nous l'avons tous, même ceux qui, comme Nicolas, n'ont pas une autre Maman pour les embrasser et les gâter. Nous devons la secourir lorsqu'elle est malheureuse et, tous, nous devons être prêts à mourir pour la défendre, quand nous serons grands, si elle est attaquée.
NICOLAS : (résolu) Je la défendrai !
FRANÇOIS : (de même) Moi aussi !
PIERRE : Je crois que vous avez compris que cette Maman chérie, que chacun de nous a en naissant, que notre mère à tous, même en plus d'une autre, c'est :
PIERRE, FRANCOIS et NICOLAS : (ensemble, avec force) La FRANCE !
- F I N -
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