PIECES DE THEATRE POUR ENFANTS.
LES ÉDITIONS DU CEP BEAUJOLAIS VILLEFRANCHE (Rhône) RÉPERTOIRE pour fêtes scolaires Le Facteur et la Fête des Mères Savnète par MARTHE BIANCHINI INDICATIONS Nos élèves écrivent chaque année une lettre à leur maman à l'occasion de la Fête des Mères. Souvent aussi ils confectionnent de menus ouvrages destinés à leur maman et ils accompagnent presque toujours leur cadeau d'un bouquet de fleurs. Voici une façon amusante de distribuer ces lettres, cadeaux et bouquets au cours d'une petite séance récréative ou d'un goûter offert aux mamans. PERSONNAGES LE FACTEUR, képi, moustaches, garçon de 12 à 14 ans. ROBERT, garçonnet de 7 à 9 ans. PIERROT, garçonnet de 7 à 9 ans. JEANNOT, garçonnet de 7 à 9 ans. MICHELLE, fillette de 7 à 9 ans. DENISE, fillette de 7 à 9 ans. CHRISTIANE, fillette de 7 à 9 ans. Autres enfants à volonté (de 5 à 14 ans).
DÉCOR. - La scène est dans le jardin du facteur. Une rangée de pots de fleurs sur le devant de la scène suffira pour situer l'action. Au lever du rideau le facteur, en manches de chemise, mais coiffé de son képi qui le protège des ardeurs du soleil, est dans son jardin, occupé à arroser ses pots de fleurs. LE FACTEUR, il fait aller et venir son arrosoir au-dessus des pots de fleurs. Chantant. - Au jardin de mon père Les lilas sont fleuris (bis) Tous les oiseaux du monde... ROBERT, entrant timidement, une lettre à la main. - Bonjour, monsieur le Facteur. LE FACTEUR, posant l'arrosoir. - Bonjour, mon garçon. Que désires-tu ? ROBERT, hésitant. - C'est pour une lettre... que je voudrais que portiez. LE FACTEUR. - Bon eh ! bien, va la mettre dans la boîte. Je la porterai demain. (Reprenant son arrosoir, il chante de plus belle). Vont y faire leur nid. Auprès de ma blonde. ROBERT. - Monsieur le Facteur ! LE FACTEUR. - Quoi ? ROBERT. - Si vous la portez demain, ça sera trop lard. LE FACTEUR. - Alors, il aurait fallu la mettre à la boite avant-hier et je l'aurais portée hier ! (Chantant). ...Qu'il fait bon, fait bon, fait bon, Auprès de ma blonde... ROBERT. - Oui, mais hier, c'était trop tôt. LE FACTEUR. - Ah ! çà ! Qu'est-ce que tu me racontes là ? ROBERT. - Écoutez, monsieur le Facteur. Aujourd'hui c'est la Fête des Mères. Alors j'ai écrit une lettre à ma maman. Et je vous l'apporte pour que vous la portiez. LE FACTEUR, moqueur. - Tu me l'apportes pour que je la porte ! Et ça ne serait pas plus facile de la lui porter toi-même ? ROBERT, secouant la tête. - Mais non ! Une lettre, une vraie lettre, c'est le facteur qui la donne à Maman. Il frappe à la porte avec son bâton et il crie : « Madame Dunan (mettre le nom de la maman de Robert), une lettre pour vous ! ». Maman prend la lettre et dit : « C'est de la tante Julie qui est à Paris » ou « C'est de Pierre qui fait son service ». Et puis elle offre un verre de vin blanc au facteur. LE FACTEUR, vexé. - C'est ça ! Dis tout de suite que je suis un ivrogne ! ROBERT. - Oh ! pas du tout. Mais je voudrais que pour « ma » lettre, ça soit tout-à-fait comme pour les « vraies » lettres. Maman aurait la surprise. LE FACTEUR, touché. - Je comprends ça. Seulement c'est impossible et je vais te dire pourquoi : aujourd'hui, dimanche, c'est mon jour de repos hebdomadaire. ROBERT. - Qu'est-ce que ça veut dire ? LE FACTEUR. - Ça veut dire que je ne travaille pas, que je ne fais pas ma tournée, que je me repose. Tu vois, je suis en train d'arroser mes fleurs. Après, je vais cueillir des petits pois car Mélanie, ma femme, a décidé d'en faire pour dîner. Et je les écosserai, car elle n'aime pas ça. Puis je cueillerai des cerises, sinon les moineaux ne m'en laisseront pas une seule. J'ai un tas de bois à fendre, car Mélanie n'en a plus pour éclairer son feu. Je lui tirerai aussi quelques seaux du puits à cause de ses douleurs, et je ferai de l'herbe pour mes lapins. Tu vois bien, je ne peux absolument pas porter ta lettre puisque aujourd'hui, dimanche (appuyant sur les mots), je me re-po-se. ROBERT, navré. - Oh ! que vont dire les autres ? LE FACTEUR, - Quels autres ? ROBERT. - Tenez, justement les voila. Entrent Denise portant une pile de lettres, Jeannot et Pierrot portant une corbeille pleine de petits paquets noués de rubans multicolores. Christiane et Michelle portant une corbeille pleine de bouquets de fleurs. Autres garçons et fillettes à volonté. LES ENFANTS, entrant. - Bonjour, monsieur le Facteur ! LE FACTEUR. - Bonjour, bonjour. Que me voulez-vous ? (Bourru). Eh ! attention, là-bas, ne marchez pas sur mes plates-bandes ! DENISE. - Voilà, monsieur le Facteur : aujourd'hui, c'est la Fête des Mères. LE FACTEUR. - Bon. On me l'a déjà dit, Alors ? DENISE. - Alors, nous avons apporté nos lettres, nos cadeaux et nos bouquets pour que vous alliez les distribuer à nos mamans. LE FACTEUR. - Mais c'est dimanche aujourd'hui. La poste est fermée, PIERROT. - C'est pour ça que nous les avons apportés ici. LE FACTEUR. - Mais ce n'est pas la poste ici. C'est mon domicile particulier. Et puis je ne travaille pas le dimanche. Comme je l'ai expliqué à votre petit camarade, aujourd'hui je me repose. LES ENFANTS désolés. - Oh ! Monsieur le Facteur. DENISE, suppliante. - Vous seriez si gentil si vous vouliez quand même faire votre tournée ! JEANNOT, - Nos mamans seraient si contentes ! : MICHELLE, le cajolant. - Vous seriez un amour de facteur ! CHRISTIANE, même jeu. - ...Un ange de facteur !... DENISE, de même. - ...Un trésor de facteur !... UNE FILLETTE, de même. - Nous vous aimerions tant ! LE FACTEUR, qui commence à se laisser attendrir. - Hum ! hum ! Voyons un peu ces lettres. (Il saisit le paquet de lettres). Comment ? Quoi ? Des lettres non affranchies ? Des lettres passibles de la Surtaxe ? JEANNOT. - Nous n'avions plus de sous pour acheter les timbres. Nous avons utilisé tous ceux de notre lirelire pour acheter des cadeaux à nos mamans. MICHELLE. - Mais elles sont quand même affranchies, nos lettres. LE FACTEUR. - Comment ? Affranchies ? ROBERT. - Voilà, monsieur le Facteur ; nos mamnans nous disent toujours, quand nous les embrassons, que nos baisers valent tout l'or du monde. DENISE. - Alors, nous avons affranchi nos lettres avec des baisers. LE FACTEUR, bougonnant. - Des baisers, des baisers... Ils valent peut-être bien cher, vos baisers, mais ils ne laissent pas de traces. Sauf peut-être sur cette lettre, tenez (il montre une lettre) là... ce petit cercle marron. UN TOUT PETIT GARÇON, baissant la tête, un peu honteux. - J'avais mangé du chocolat !... Rires. LE FACTEUR. - Et ces paquets ! Montrez-les un peu, ces paquets. Qu'est-ce que tous ces rubans de couleurs différentes ? ROBERT. - C'est pour les attacher. LE FACTEUR. - Mais ça ne s'attache pas avec des rubans, les colis postaux. Il faut y mettre de la ficelle. Les rubans, ce n'est pas réglementaire. MICHELLE. - Ce n'est pas réglementaire, mais c'est bien plus joli ! LE FACTEUR, lisant une adresse sur un colis. - Et ces adresses, vous croyez qu'elles sont mises correctement, vos adresses ? (Lisant) « À ma maman chérie, Jeanne Dinand. » (On mettra les noms de mamans présentes dans la salle). (Lisant l'adresse d'un autre paquet). « Pour Lucie Dupont, ma petite maman que j'aime ». (Lisant une autre adresse). « À Louise Dubois, de la part de sa petite fille, pour la Fête des Mères » (Grondeur). En voilà des adresses ! Et où voulez-vous que j'aille les chercher, moi, les destinataires de ces « colis ? DENISE, riant. - Oh ! Vous connaissez bien leurs adresses, allez, depuis le temps que vous leur portez des lettres ! UNE TOUTE PETITE FILLE. - Et puis t'est plus gentil de mettre sur l'adresse qu'on les aime que de mettre des noms de rues. LE FACTEUR. - Et cette corbeille de fleurs, qu'est-ce que c'est ? MICHELLE, - C'est aussi pour nos mamans. Mais les bouquets sont tous pareils. CHRISTIANE. - Nous avons mis toutes nos fleurs en commun... DENISE. - Alors, il suffira d'en donner un à chacune. ROBERT. - Sans les choisir. UN PETIT GARÇON, montrant un bouquet. - Cette rose rouge, c'est moi qui l'ai apportée. DENISE. - Chut ! Personne ne doit le savoir. MICHELLE, engageante. - Alors, vous partez, monsieur le Facteur ? LE FACTEUR. - Comment, je pars ? Je ne vous ai rien promis. LES ENFANTS, désappointés. - Oh ! LE FACTEUR. - Et d'abord, comment voulez-vous que je porte tout ça ? MICHELLE ET CHRISTIANE. - Nous porterons la corbeille de fleurs. PIERROT ET JEANNOT. - Et nous, celle des colis. LE FACTEUR. - Oui, oui, c'est cela, mais mon travail, qui le fera ? LES ENFANTS. - Quel travail ? LE FACTEUR. - Qui arrosera mes fleurs ? UN GARÇON, saisissant l'arrosoir. - Moi ! Moi ! LE FACTEUR. - Qui cueillera mes cerises ? TOUS LES ENFANTS, criant et se bousculant. - Moi ! moi ! moi ! : LE FACTEUR. - Non, non ! pas tous. (Désignant un grand garçon). Toi, le plus grand. Dis à Mélanie qu'elle te donne le grand panier, LE GRAND GARÇON, sortant. - Oui, oui. DENISE. - Et ne les mange pas toutes ! LE FACTEUR. - Et mes petits pois, qui est-ce qui va les cueillir ? DEUX FILLETTES, ensemble. - Moi ! moi ! LE FACTEUR. - Et les écosser ? LES DEUX FILLETTES, sortant. - Nous les écosserons. LE FACTEUR. - Et l'herbe pour mes lapins ? DEUX GARÇONS. - Nous allons en couper. Ils sortent. LE FACTEUR. - Les seaux du puits, j'aime mieux les Tirer moi-même. Avec ces galopins-là, on ne sait jamais. Oui, mais que va dire Mélanie ? DENISE. - Nous allons la prévenir. Viens, Robert. À la fin de cette scène tous les enfants doivent être sortis sauf Christiane, Michelle, Jeannot et Pierrot. Régler les sorties suivant le nombre d'enfants. LE FACTEUR. - Alors, c'est ça que vous faites de mon jour de repos hebdomadaire ? Il faudra que je grimpe jusqu'au Moulin à vent. (Mettre les noms de lieux particuliers au village où se joue la scène). CHRISTIANE. - Bien sûr. LE FACTEUR. - Et que je descende jusqu'aux Grands Prés ? JEANNOT. - Naturellement. LE FACTEUR. - Eh bien ! pour un dimanche, c'est un fameux dimanche. DENISE, entrant avec la veste et la sacoche du facteur. - Tenez, Madame Mélanie vous envoie votre veste pour que vous soyez plus convenable. Et voici la Sacoche pour les lettres. Je vais l'aider à faire sa tarte aux cerises. Elle sort. Le facteur enfile sa veste pendant que Pierrot emplit la sacoche avec des lettres. LE FACTEUR, mettant sa sacoche sur l'épaule. Soupirant. - Ah ! là ! là ! Me faire travailler aujourd'hui ! ROBERT, entrant. - Monsieur le Facteur, une bonne nouvelle : toutes nos mamans sont réunies dans la cour de l'école (indiquer le lieu où se déroule la scène) où on leur offre un goûter en l'honneur de la Fête des Mères. Alors, si vous y allez sans perdre de temps, vous pourrez faire votre tournée en un clin d’œil. JEANNOT. - Et de retour, comme les enfants auront fait voire travail, vous pourrez vous reposer pour de bon. PiERROT. - Et jouer aux boules. LE FACTEUR. - Bon, j'aime mieux Cela, Mais. dites-donc, qui est-ce qui va me la payer, cette tournée ? PIERROT. - Vous la payer ? CHRISTIANE. - Mais nous n'avons plus de sous ! LE FACTEUR. - Eh ! je le sais bien. Alors, vous croyez que je vais travailler pour rien ? MICHEL. - Écoutez, Monsieur le Facteur. Vous direz à nos mamans de vous payer. LE FACTEUR. - À vos mamans ? MICHELLE. - Oui, vous direz à chacune de vous embrasser pour votre peine. LE FACTEUR. - De m'embrasser ? (Se redressant et frisant sa moustache). De m'embrasser ? Eh ! Eh ! Mais je veux bien, moi ! Je ne demande pas mieux. (Un doigt sur les lèvres). Mais n'en dites rien à Mélanie. Elle serait jalouse ! ROBERT, - Non, non, elle ne le saura pas. Au revoir, Monsieur le Facteur. Je vais casser votre petit bois. Il sort. LE FACTEUR, prenant un bâton et se disposant à se mettre en route. - Eh ! bien, à ce prix-là, ça n'est égal de travailler le dimanche. En route, les enfants, et vive la Fête des Mères ! Ils sortent, le facteur ouvrant la marche, les quatre enfants portant les corbeilles et chantant : « Au jardin de mon père, etc... » Le facteur et les quatre enfants parcourent ensuite la salle en distribuant à chaque maman la lettre, le Colis et le bouquet qui lui sont destinés. Le facteur n'oubliera pas, bien entendu, de se faire... payer !
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