Raymond RICHARD
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LA LÉGENDE DU GIVRE
250 000 Clipart Mindscape
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Une légende en vers
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Les Editions du Cep Beaujolais
VILLEFRANCHE (Rhône)
Il était une fois une Belle Princesse
Qui vivait au milieu des fleurs et des oiseaux,
Là-bas, dans le soleil, au cœur d'un vieux château
Que la mer entourait de sa lente caresse.
Un jour, un puissant roi qui venait du Grand Nord
Lui offrit sa couronne et son palais de neige
Et la jeune épousée, au fond de la Norvère,
Dût partir avec lui pour le pays des fjords.
Ah, comme il était beau ce pays blanc de givre,
Avec ses arbres noirs alourdis de frimas,
Ses grands étangs gelés par le rude climat
Et son palais de marbre aux lourds vantaux de cuivre.
Mais, malgré la grandeur farouche du décor,
Malgré l'amour du Roi, malgré toutes les fêtes,
L'exilée écoutait en pleurant la tempête,
Regrettant son pays, ses fleurs et ses fruits d'or.
Bientôt, la pauvre enfant ne quitta plus sa chambre,
Son beau teint se fana, son rire s'éteignit.
Les plus grands médecins, venus près de son lit,
Annoncèrent sa mort avant la fin décembre.
On avait envoyé dans son pays lointain
Des hommes pour quérir les roses les plus belles.
Mais, quand ils revenaient sous la neige mortelle,
Les précieux bouquets se fanaient en chemin.
Alors le jeune Roi eut une idée étrange.
Sous la neige et la bise, une nuit en secret,
En haut de la tourelle où sa femme dormait,
Il grimpa comme un chat... ou plutôt comme un ange.
Ce qu'il fit, nul ne put jamais le deviner.
Mais, quand l'aube parut, regardant la fenêtre,
La reine, se dressant, crut voir soudain paraître
Les plus splendides fleurs qu'on puisse imaginer.
Des fleurs, des fleurs de glace inscrites sur le verre
Où le pâle soleil jetait ses mille feux
Et, devant ce jardin bizarre et merveilleux,
La reine se sentit plus vive et plus légère.
Le lendemain, les jours suivants, à son réveil,
Sur la vitre, elle vit des fleurs encor plus belles,
Entrelacs gracieux, arabesques, dentelles
Que le soleil levant embrasait de vermeil.
Bientôt, elle guérit et, désormais, sauvée,
Elle put regagner son lumineux pays.
Elle ne sut jamais que les fleurs, chaque nuit,
Par le roi, follement, avaient été gravées.
Et, depuis ce temps-là, sur le carreau banal,
On voit naître en hiver des fleurs et des rosaces ;
C'est le givre joyeux qui, de son doigt de glace,
Dessine ces bouquets de rêve et de cristal.
(Tous droits réservés). Raymond RICHARD
PIECES DE THEATRE POUR ENFANTS.