PIECES  DE  THEATRE  POUR  ENFANTS.

 
 

BÉCASSOT CHARMEUR DE SERPENTS


Monologue paysan comique par RAYMOND RICHARD



     Décor quelconque. Au centre et à l'avant-scène, une table recouverte d'un tapis.

     Au lever du rideau, Bécassot entre au fond, tenant un petit sac de toile à la main. Costume traditionnel du paysan : blouse bleue, gros sabots, bonnet de coton, visage hilare et ingénu.

     Il s'avance vers la rampe devant la table pour saluer le public.


BÉCASSOT, respectueux. - Bonsoir, les Dames ! (Galant) Bonsoir, les Damoiselles ! (Familier) Bonsoir, les gars !

     Pas besoin que j' me présentions. Vous m' connaissez tous, pardié ! J' sons Bécassot, vous savez ben, le frère de la Bécassine !

     Oh ! ben sûr, j' sons pas aussi célèbre que ma sœur de Bretagne mais j' la vaux, oh ! pour ça, oui, j' la vaux cent foués pour l'intelligence. On m' dit toujours : « Oh ! Bécassot, c' que t'as l'air fin ! » (Convaincu) Alors !...


     Vous n'avez pas L'air de m'crouére ! (Brusquement) Eh ben, vous allez vouére ce que vous allez vouère ! J' vas vous donner un échantillon de mes talents ! (Il passe derrière la table et montre son sac).

     Tenez ! savez-vous quoi qu'y a dans mon sac à malices ? Mon casse-croûte ? De l'herbe pour mes lapins ? Une faucheuse mécanique ? Non, vous y êtes pas du tout ! ( Confidentiel) Dans ce sac, y a Oscar et Barnabé, mes deux sarpents savants !

     (Il passe derrière la table et montre son sac).

     Du calme ! du calme ! Mesdames, restez assises ! Y a point de danger qui vous grimpent aux mollets pisque j' vous dis qu'y sont apprivoisés !

     Y sont là-dedans, gentiment couchés en rond, doux et dociles comme des chatons. J' vas vous les présenter ! (Il ouvre le sac et en tire un serpent -en bois, évidemment- qu'il, anime entre ses doigts). Voilà Oscar. C'est le plus gai des deux. Un rien l'amuse. Voyez plutôt comme il se tord ! Et farceur avec ça ! L'aut' souére, y s'est faufilé dans le lit de la mémé, histouére de rire un peu ! La brave grand mère a failli prendre une attaque du poplexie. Pauv' femme ! elle a jamais compris la plaisanterie !

     (Il pose le serpent sur la table et sort du sac le second animal).

     Voici maintenant Barnabé ! Bonjour, Barnabé ! Ça va pas ? (Au public) C'est un grand timide ! Y pense qu'à se cacher dans les tiroirs, entre les draps de l'armoire ou sous les traversins. Hier, mon père l'a trouvé dans son porte-monnaie. Il a failli payer la boulangère avec !

     (Il pose le second serpent sur la table).

     Mais vous avez encore rien vu. J' vous ai dit qu'Oscar et Barnabé étaient des serpents savants. J' vas vous l' prouver !

     Figurez-vous que j'ons découvert le secret des fakirs, vous savez ces gars de l'Inde qui se mettent un drap sur la tête et qui font danser les cobras en jouant de la clarinette ! Eux, y font danser un serpent tout seul.

     C'est d' la rigolade ! Moué, j' vons en faire danser deux à la foués rien qu'en jouant du pipeau. Je prends mon instrument. (Il sort un pipeau de sa poche). Attention, regardez bien ! Je commence ! (Il se met à jouer et, aussitôt, les deux serpents se dressent et sautent au rythme de la musique. On peut prolonger à volonté la danse des serpents. Bécassot, enfin, s'arrête et salue). Et voilà !

     (Il prend les serpents, un dans chaque main, et salue à nouveau ; puis, brusquement).

     Ah ! j'oubliais ! J'informe les Messieurs qui se trouvent dans la salle que je sais aussi charmer les belles-mères. Mais c'est beaucoup, beaucoup plus difficile ! Vous en savez quelque chose, hein, Messieurs !

 

RIDEAU

 

Raymond RICHARD.


EXPLICATIONS SCÉNIQUES

     Ainsi que nous l'avons dit, les deux serpents utilisés sont en bois articulé. Il suffit de les tenir entre les doigts en leur imprimant un léger mouvement pour qu'ils se tordent et s'animent d'une façon saisissante.

     La danse des serpents est réalisée grâce au truquage suivant :

     Deux fils de nylon ou du fil noir solide pendent au-dessus de la table et peuvent être tirés depuis les coulisses, un à droite, l'autre à gauche, par des compères. Il suffit à Bécassot d'accrocher les serpents à l'extrémité de chaque fil au moment voulu. Quand il joue, les compères tirent doucement sur le fil qui glisse sur une poulie et les serpents se dressent et s'agitent. Chaque extrémité du fil comporte un crochet et chaque tête de serpent un petit crampon permettant la fixation rapide.

     À défaut de pipeau, Bécassot pourra jouer d'un autre instrument ou encore simplement chanter en tapant dans ses mains.

 


http://www.sacd.fr/Demande-d-autorisation-pour-les-exploitations-amateur.204.0.html

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